Les Chroniques de l'Imaginaire

Les flammes de la nuit - Pagel, Michel

Il était une fois une jeune princesse, Rowena, destinée à être plus tard la Reine de Fuinör, lorsqu'elle épousera le chevalier qui aura gagné le tournoi. Ainsi, le chevalier deviendra Roi et Rowena sa Reine.

Le jour de la naissance de la petite princesse, selon la tradition, sa mère est décédée en couches, et autre tradition, les fées se sont penchées sur son berceau. Sept fées qui ont fait chacune un vœu, faisant de la petite fille, la plus belle, la plus aimée, la plus aimante, la plus compatissante, mais contrairement à la tradition, la plus intelligente. Ça, ce n'est pas un vœu habituel. En effet, selon la tradition, les princesses sont stupides, leur rôle est simplement d'être belles et d'organiser de magnifiques fêtes au château du roi sans prendre part aux décisions politiques. Rowena va être le grain de sable qui va gripper la machine.

Dans le premier tiers du roman, on suit les aventures de Rowena au sein du château. Elle découvre tous les soirs, sous son oreiller, un livre enchanté lui apprenant de nombreux secrets. Il y a des magiciens, des sorts, des chevaliers, des princes, un magicien qui fait venir la pluie, des ménestrels, bref, c'est un peu mièvre et on se demande où on va.

Rowena tombe amoureuse d'Aladin, le magicien des Nuages, et leur amour secret lui fait découvrir la contrée de l'Amour. En effet, Fuinör est constitué de plusieurs contrées (l'Amour, la Folie, la Mort, la Guerre, etc.) dans lesquelles chacun doit se rendre selon son statut.

A partir du deuxième tiers du roman, la lecture devient plus intéressante. C'est toujours un conte, mais plus travaillé, plus sombre, moins enfantin. L'univers de Fuinör et de ses contrées se dessine, et on les découvre avec ravissement et effroi aussi parfois. Notamment, la tradition des criques, qui met en scène des trios bien étranges, un Héros, une Femme et un Fou. C'est la tradition et il faut suivre la tradition.

Rowena va avoir un avenir bien différent de celui qui lui était prédestiné. Elle va vivre des aventures mouvementées et sombres qui vont faire d'elle celle par qui la fin d'un univers va arriver.

C'est au final un roman agréable à lire, plein de trouvailles, avec de nombreux clins d’œil à des contes de fées ou à des dessins animés que tout le monde connait (Frère Tuck de Robin des Bois par exemple) mais qui traite aussi plus sombrement de la condition des femmes. A Fuinör, elles doivent se contenter d'être belles. La Reine, lorsqu'elle met un héritier au monde, meurt opportunément. Le médecin de la Cour s'en assure.

Un conte de fées, avec des fées, un enchanteur, une princesse, des chevaliers, un Roi et une Reine, de la magie, des sorts, mais un conte de fées plutôt adapté à un lectorat adulte.