Étienne Jodelle est entré dans l'histoire littéraire pour son usage, à l'époque novateur, d'alexandrins pour composer des pièces de théâtre inspirées de l'Antiquité. Il fut aussi auteur de poèmes, que le présent ouvrage se propose de faire découvrir au lecteur moderne. L'éditrice et spécialiste du sixième siècle Agnès Rees a en effet rédigé de nombreuses notes de lecture qui éclaireront ce dernier aussi bien sur le contexte politique que sur les références mythologiques. Un glossaire, des repères biographiques et historiques et une bibliographie indicative complètent agréablement la partie Dossier de l'ouvrage.
En préface, Florence Delay nous partage son amour des écrits de Jodelle et nous livre des informations précieuses sur le contexte d'écriture des sonnets qui vont suivre.
Ces sonnets sont organisés en cinq parties. Les sonnets amoureux sont, comme leur nom l'indiquent, des poèmes d'amour. Ils contiennent des vers d'une grande beauté mais le sentimentalisme des premiers poèmes m'a parfois donné l'impression d'être excessif. Le contraste avec les poèmes grivois et les "sonnets vilains" aussi contenus dans cette partie n'en est que plus grand. Si ce n'est pas exactement non plus mon style de poèmes de prédilection, je dois dire que leur lecture était divertissante.
On a ensuite des sonnets davantage ancrés dans leur contexte historique, et peut-être plus mesurés, avec les sonnets de circonstance et les sonnets politiques et polémiques. Enfin, les sonnets d'éloge et d'amitié sont à nouveau plus personnels, le recueil s'achevant par des sonnets tombeaux, fruits de commandes et assez grandiloquents.
Je ne connaissais Étienne Jodelle que de nom et, s'il me reste à découvrir ce qui a vraiment fait l'objet de sa renommée - ses pièces de théâtre -, cet ouvrage offre déjà une bonne introduction à son style et aux thématiques qui lui sont chères. Le livre est de très bonne qualité avec son papier épais et sa typographie soignée. Je n'ai pas été touchée par ses vers mais c'est là une appréciation très personnelle bien sûr.
Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde est une occasion pour les curieux et/ou pour les amoureux de sonnets de se plonger (à nouveau) dans la lecture de poèmes.
