Dans la vie de Kevin Claiborne, plusieurs choses se passent au même moment : il est élu au conseil municipal d'El Modena, pour le parti des Verts, au moment où son ami Alfredo Blair, le maire, et sa compagne Ramona, se séparent. Par ailleurs, il est lancé dans une longue série de succès au softball. Dès sa première participation au conseil, il s'oppose frontalement à Alfredo sur la question de la gestion de l'eau. Il est vrai que, dans cette petite ville du comté d'Orange, en Californie, la question est de plus en plus cruciale, les sols s'asséchant après des décennies d'utilisation irresponsable des ressources en eau.
Et il est sûr que cette question n'est que le fer de lance des projets d'Alfredo pour la ville, que ce chef d'entreprise ambitieux a des projets qu'il choisit pour l'instant de ne pas divulguer. Avec son amie Doris, qui travaille dans une entreprise liée à celle d'Alfredo, il va essayer d'en savoir davantage. Par ailleurs, il est heureux de travailler à rénover la maison du nouvel avocat de la ville, Oscar Baldarrama, et de passer du temps avec la belle Ramona, pour laquelle il a toujours eu un faible, et qui est à présent célibataire.
Le roman alterne majoritairement entre les points de vue de Kevin et de son grand-père, Tom Barnard, qui, après des années d'activisme écologique, et un veuvage douloureux, s'est retiré sur les hauteurs de la ville. Cela permet à l'auteur d'exposer, en filigrane, l'origine de la société économe où évoluent ses personnages.
Outre le thème de l'écologie et de la préservation des ressources naturelles, avec l'aide éventuelle des nouvelles technologies, comme on le voit dans le cas des bateaux à voile recréés, on retrouve dans le roman d'autres thèmes habituels de l'auteur, comme le sport et plus largement l'importance de l'activité physique. Il y a dans ce roman une exacerbation de la sensorialité, et les sensations olfactives et tactiles, notamment, sont particulièrement mises en relief et décrites.
Cette utopie, si elle en est vraiment une, est convaincante en ce que tout n'y est pas parfait, loin de là : les humains étant ce qu'ils sont, les jeux de pouvoir et d'argent sont toujours présents, et le respect des droits de la nature à exister pour elle-même est un combat toujours à mener. Ce que dit Robinson, c'est qu'une utopie, si on veut qu'elle en reste une, doit sans cesse être renouvelée, défendue. C'est toujours un objectif à atteindre.
Malgré son âge, ce roman reste une lecture très actuelle, même si les publications plus récentes de l'auteur dans le domaine de la SF écologiste restent un must du genre.
