Les Chroniques de l'Imaginaire

L'appel des grands cors (Chevauche-brumes - 3) - Latil-Nicolas, Thibaud

Les mélampyges, ces monstres de ténèbres aussi effroyables que difficiles à tuer, déferlent en masse sur les contrées humaines, tuant et détruisant tout sur leur passage. Pourtant, l'humanité s'avère incapable d'opposer un front commun à cette terrible menace. À Antinea, capitale du Bleu-Royaume, c'est le clergé du dieu Enoch qui exerce le pouvoir au nom de l'enfant-roi Téobane. Inconscients du péril mortel que représentent les mélampyges, ces zélotes persécutent l'ordre des Chevauche-Brumes, créé précisément pour lutter contre ces monstres, mais accusé de trahison. Traqués de toutes parts, Saléon, Murtion et les autres Chevauche-Brumes vont avoir fort à faire pour triompher de leurs adversaires, qu'ils soient humains ou pas. Et les pires ne seront pas forcément les seconds…

Pour conclure sa trilogie des Chevauche-Brumes, Thibaud Latil-Nicolas ne sort pas de sa zone de confort. On retrouvera ici les ingrédients qui avaient fait la succès du premier tome de la série. Les personnages principaux sont toujours ces soldats endurcis, solidaires et pleins de gouaille, qui n'abandonnent jamais leur lutte contre des forces politiques et surnaturelles qui les dépassent. Avec les révélations sur la véritable nature des mélampyges, c'est bien la religion organisée qui constitue l'authentique grand méchant de la série, avec ses dogmes trop rigides, ses ambitions trop fortes et ses scrupules trop rares. Ça n'a rien de subtil et c'est très à la mode dans la fantasy actuelle mais c'est efficace et on adorera haïr Juxs, le prélat en chef dont l'arrogance ne le cède qu'à l'incompétence.

Pour attachants qu'ils soient, les héros tendent à se confondre les uns avec les autres, car ils sont nombreux et relativement uniformes (normal pour des soldats ?). Certains bénéficient d'un ou deux traits de caractère spécifiques, mais c'est bien peu. C'est encore le fait qu'ils soient séparés en différents groupes durant la majeure partie du récit qui permet de les identifier le mieux.

Malgré cela, L'appel des grands cors reste une lecture plaisante, car l'auteur est très doué pour décrire les scènes d'action, qu'il s'agisse de bagarres entre quelques individus ou de vastes mouvements de troupes dans une bataille impliquant des dizaines de milliers de soldats. La conclusion du cycle est à ce titre particulièrement épique, avec de grands moments de courage et de veulerie et des retournements de situation à gogo.

Chevauche-Brumes constitue ainsi une série de fantasy des plus sympathiques. Sans renouveler les canons du genre, elle les applique avec efficacité et sérieux et offre un bon moment de lecture.