Très chouette découverte que ce roman qui s’inspire de la période historique dite des Trois Royaumes. On y suit Zéphyr, une jeune fille d’environ dix-huit ans qui se trouve être l’une des meilleures stratège du pays. Elle est au service de la seigneuresse Xin Ren qui, en dépit du fait qu’elle ne possède pas de terre, est aimée et admirée d’une grande partie du peuple.
Les ennemis de Xin Ren sont Miasma, la régente des terres du Nord, qui rêve de prendre le contrôle de tout le pays et est prête à tout pour y parvenir, y compris à mettre le pays à feu et à sang. Au Sud, c’est Cigale qui se dresse et qui a en guise de stratège attitrée Kou, la sœur de sang de Zéphyr.
Alors que l’armée de Xin Ren semble dans une impasse, Zéphyr change de camp et décide de porter son allégeance à Miasma, qui, bien que méfiante, accepte sa trahison et l’accueille dans ses rangs. Zéphyr découvre alors le principal stratège de Miasma : Choucas. Choucas est un jeune homme d’une vingtaine d’années, qui souffre de tuberculose et qui est bien conscient qu’il ne fera pas de vieux os. Les deux stratèges se jaugent, se jugent, et une attirance se noue entre eux alors même que la jeune fille joue double jeu afin de sauver Xin Ren et son armée.
Mais tout bascule lors d’une embuscade…
Excellente surprise que ce roman qui se base sur l’histoire et les légendes chinoises. Loin des poncifs habituels du genre, l’autrice s’éloigne du patriarcat qui régnait dans l’histoire originale et donne les places importantes à ceux qui le méritent, peu importe le sexe du personnage. C’est ainsi que les royaumes sont dirigées par des femmes, qui sont entourées d’hommes, et tous les compagnons qui les entourent le sont parce qu’ils sont compétents.
J’avoue qu’au début j’ai cru que ce n’était qu’une pirouette narrative, mais très vite on oublie le sexe des protagonistes parce que leurs actes sonnent justes dans toutes circonstances. On voit la tristesse de Ren quand elle perd une sœur de serment, la peur de Zéphyr quand elle doit être à cheval, le courage de Tourmaline et la confiance qu’elle a en la jeune stratège même quand celle-ci lui demande de porter atteinte à l’intégrité de l’armée, et à part Zéphyr qui joue plusieurs rôles, tous semblent sincères et intègres dans ce qu’ils sont. Bon, on découvre que ce n’est pas toujours le cas, mais cela reste logique quand on comprend les situations dans lesquelles les protagonistes sont plongés.
Alors certes il y a beaucoup de personnages et certains ont plusieurs surnoms, mais je trouve que ce n’est pas un souci, car cela apporte une profondeur tout au long du au récit. Et cela montre aussi ce côté très asiatique des noms et surnoms (Zéphyr en porte plusieurs, qu’elle gagne au fur et à mesure de sa vie par exemple), ce qui est très immersif.
Quant à l’histoire en elle-même, pas besoin d’être féru d’Histoire pour l’aimer. On plonge directement dans une action qui nous fait comprendre que c’est la guerre, et qu’il faut qu’il y ait soit une alliance, soit une seigneuresse qui rassemble tout le monde. Entre complots politiques, intrigues de cours, et retournements de situations, on ne s’ennuie pas un seul instant. Ajoutons à cela que la traduction est vraiment excellente, la langue très vivante, et on a entre les mains un roman d’une excellente facture et dont j’ai hâte de lire le second et dernier volume.Surtout après le twist magistral qui se déroule aux deux tiers du livre et que je n’avais pas vu venir.
Un très joli éventail accompagnait ce roman. Je me suis demandé pourquoi cet accessoire alors que Zéphyr joue de la cithare, puis j’ai compris, au fil de ma lecture, que l’éventail est l’autre arme de prédilection de la jeune fille. Et j’ai trouvé ça très malin et amusant de la part de l’éditeur.
Oh, et une dernière chose. La couverture est particulièrement jolie aussi, au point qu'elle a attiré l'oeil d'une personne quand je le lisais dans un espace public. J'ai donc pu lui dire tout le bien que je pensais de ce roman, et j'espère l'avoir convaincue de le lire !