Les Chroniques de l'Imaginaire

Projet Anastasis (Ceux qui n'existaient plus - 1) - Pelaez, Philippe & Mangin, Olivier

Neuf femmes et dix hommes ont accepté de mettre leur vie entre parenthèse pendant un an afin de traiter les traumatismes qui leur ont pourri la vie. A première vue, tous ont subi des choses violentes dans leur passé, proche ou récent. Yegor était dans les forces spéciales et ne se remet pas d’avoir tué des enfants en plus des terroristes lors d’une opération de sauvetage, Maria est l’unique survivante d’une fusillade de masse dans son école et Natacha a assisté à l’assassinat de ses neveux et nièces alors qu’ils étaient sous sa garde.

Ces dix-neuf personnes ont toutes accepté de participer à un traitement expérimental afin de surmonter les chocs et les traumatismes, et très vite les scientifiques annoncent à Natacha qu’elle souffre en plus d’un Alzheimer précoce, ce qui lui vaut une attention accrue du personnel et surtout du professeur Vetrov, en charge du programme.

Mais, très vite, Natacha se rend compte que le côté bienveillant de l’expérience s’efface et que les cobayes sont de plus en plus étroitement surveillés. Caméras et micros, interdiction de sortir des chambres la nuit, toute cette atmosphère de suspicion pèse de plus en plus sur la jeune femme, jusqu’au moment où elle découvre que chacun des cobayes porte un nom de personnage tiré de la littérature russe. Et pour cause, ils sont tous déjà officiellement mort. Y compris elle-même. S’ensuit alors une quête effrénée de la vérité qui va mettre à jour un passé encore plus sombre que les traumatismes pour lesquels le groupe est censé être soigné.

Un scénario mené de main de maître par Philippe Pelaez, soutenur par le dessin d’Olivier Mangin, et avec une mise en couleur par Yoann Guillé. L’ensemble s’ajuste parfaitement dans une ambiance tour à tour lumineuse puis glauque à souhait.

L’histoire prend place en Russie, ce qui nous offre un petit côté « meilleures années de la guerre froide » avec une ambiance de conspiration omniprésente et à tous les niveaux. Que ce soit au niveau des expériences, mais aussi des cobayes et de leur engagement finalement involontaire dans ce programme, car ils ignorent être déjà sous le contrôle de Vetrov (qui ressemble furieusement à Walter White, l’anti héros de la série Breaking Bad).

Beaucoup de clin d’œil au septième art, avec des films tel que Vol au-dessus d’un nid de coucou, Orange mécanique, mais aussi La vie est Belle, qui servent à chaque fois d’expérience sensorielle et émotionnelle pour les patients. D’ailleurs, à part la Vie est Belle, on peut se poser la question de passer des films soient ultra-violent (Orange Mécanique), soit dissident (Vol au-dessus d’un nid de coucou) à un groupe de cobayes qui va se révéler ultra violent. Certaines scènes rappellent aussi furieusement quelques James Bond, mais il faut avouer que cela colle très bien au scénario.

C’est donc un excellent album, plein de rebondissements, avec une héroïne prête à tout pour se sortir de cette expérience, mais aussi pour se venger de Vetrov.

C’est une histoire complète, qui peut se lire seule, mais l’auteur et le dessinateur travaillent déjà sur une autre aventure de Natacha, et j’avoue que j’ai très envie de savoir ce que va devenir la jeune femme après sa fuite de l’institut.