En 1960, dans le bled algérien, le jeune appelé Antoine Berthier est à la veille de son retour dans ses foyers. Il se réjouit d'avance de retrouver ses parents et sa soeur jumelle. Et pourtant, deux jours plus tard, il se suicide sur le bâteau qui le ramenait. Le capitaine Murat le déclarera mort au combat, et c'est son cercueil fermé qui sera remis à la famille.
Quarante ans plus tard, Sébastien Touraine est détective privé à Marseille. Quand il reçoit Viviane Dimasco un beau matin, laquelle lui demande de l'aider à élucider comment est véritablement mort son frère Antoine Berthier, il est loin de se douter du danger. Il s'en rend compte rapidement, toutefois, quand il apprend la mort récente, par overdose d'insuline, du premier des anciens compagnons d'armes dont sa cliente lui avait donné les noms. Le second semble avoir disparu, le suivant a été écrasé sauvagement par une voiture... Il est à peine surpris de découvrir que l'on a fouillé son bureau.
Ce roman au rythme vif est un plaisir de lecture dans lequel on entre immédiatement, et qui se poursuit sans temps mort, quoique sans précipitation, avec des temps de respiration où le style se fait délicatement lyrique. L'action se déroule à Marseille et dans ses abords, et les "locaux" en reconnaîtront des lieux emblématiques, et pourront suivre les personnages principaux.
Ces derniers sont un point fort, tous fortement individualisés, du naïf Antoine par qui tout arrive à la belle commissaire Aïcha Sadia, adorée de ses hommes et qui aurait donné beaucoup pour ne pas être confrontée à la grande ombre qui a pesé sur toute son enfance dans les voix de sa famille. Certes, l'aventure entre la commissaire et le détective privé a un petit air de passage obligé un peu rapide, mais ce n'est qu'un léger bémol.
Pour ma part, si ce roman est en effet le premier d'une série, je suis curieuse du ou des suivant(s), que je lirai volontiers.