Les Chroniques de l'Imaginaire

As de pique - Abike-Iyimide, Faridah

C’est la dernière année à l’académie Niveus pour Chiamaka et Devon. La première, fille d’un couple aisé, veut intégrer Yale pour devenir doctoresse. Le second, jeune homme boursier issu de la classe populaire, aimerait entrer à Juillard, la célèbre école de musique, et devenir compositeur. L’académie Niveus est connue pour être la meilleure école privée de la ville, et c’est une chance de pouvoir y étudier. Si Chiamaka est la fille la plus populaire du lycée, Devon, lui, ne l’est pas vraiment. C’est pour cela qu’il se demande pourquoi il a été nommé préfet à la rentrée en même temps que la jeune fille.

Tout semble leur réussir mais peu de temps après la rentrée tout bascule. Cela commence avec la photo d’un baiser entre garçons, où Devon tient le premier rôle, qui a été envoyé par SMS à toute l’école. Puis des rumeurs sur Chiamaka, par le même biais. Les deux jeunes gens ne comprennent pas d’où viennent ces indiscrétions, et très vite, la situation devient intenable.

A qui faire confiance quand votre harceleur semble avoir toujours un temps d’avance sur vous ?

Très vite, tout comme les protagonistes de l’histoire, on veut savoir qui s’en prend à eux et surtout pourquoi. Et quand l’explication arrive, elle nous pousse à réfléchir jusqu’à quel point le racisme peut être une arme de destruction et d’exclusion, surtout quand tout est orchestré en groupe.

C’est un roman qui parle de harcèlement moral, plus que physique (même si la violence est présente parfois), et c’est Chiamaka qui va tomber de très haut. Elle qui pensait être la fille la plus populaire du lycée se rend compte qu’elle a été manipulée et surtout utilisée comme d’autres avant elle, et que l’avenir tout tracé auquel elle aspirait risque de ne jamais être le sien. Devon, quant à lui, doit se battre en plus contre la pauvreté dans laquelle il baigne et les différents problèmes qu’il essaye de surmonter. Il doit présenter un morceau original pour prétendre entrer à l’école de musique, et il rencontre des difficultés à le composer.

Malgré quelques facilités scénaristiques de l’histoire et des raccourcis beaucoup trop rapides pour certains passages, on est en présence d’un bon roman de YA, difficile à lâcher quand on est en pleine lecture. On veut savoir ce qui va se passer, on veut comprendre aussi pourquoi les deux seules personnes racisées de l’établissement sont les cibles de cette campagne de harcèlement et on a un très fort sentiment d’injustice au fil de la lecture. La vraisemblable inéluctabilité du harcèlement ciblé est très bien retranscrite et on se sent autant enfermé dans cette spirale infernale que les deux principaux concernés.

C’est un roman qui peut à la fois faire réagir et réfléchir et le chapitre final est à la fois un soulagement et un questionnement, surtout quand Chiamaka… Non je ne vais pas vous dévoiler les dernières pages !