Médecin sur la goélette Déméter, Silas Coade meurt bêtement, écrasé par la chute d'un mât au moment où le navire était emporté contre une falaise par le courant dans le fjord norvégien au fond duquel était bâti l'Edifice que l'expédition recherchait.
Médecin sur le vapeur Déméter, Silas Coade est tué accidentellement par le commanditaire de l'expédition qui venait d'atteindre l'Edifice en Patagonie.
Médecin sur le dirigeable Déméter, Silas Coade meurt lors de la chute du vaisseau dans un gouffre de l'Antarctique à proximité de l'Edifice. Mais à ce point de l'histoire, il n'est plus le seul à se souvenir de ses différentes "vies", et il est davantage prêt à entendre ce qu'Ada Cossile cherche à lui dire. Pas complètement, toutefois : il lui faudra encore du temps pour admettre que seule son apparence est humaine. Mais qu'est-ce qui constitue l'humanité ?
Voilà un exemple d'excellente Science-Fiction : on y retrouve un trope relativement familier, celui de la répétition d'évènements similaires sous un angle légèrement différent qui permet de progresser dans l'histoire, comme d'ailleurs le trope du vaisseau d'exploration qui tourne mal, et de l'artefact alien dangereux, ce qui en rend la lecture plaisante pour tout lecteur qui apprécie le genre pour sa parenté avec le roman d'aventures. Les amateurs d'une SF plus orientée vers la technique aimeront sans doute les réflexions mathématiques qui expliquent le titre.
Mais pour les lecteurs et lectrices dans mon genre, qui apprécient par-dessus tout l'aspect spéculatif du genre, l'histoire porte aussi les interrogations de ce qui constitue l'humanité, avec l'évolution du personnage principal et de ses relations avec le colonel Ramos, notamment, mais aussi avec le jeune mathématicien Dupin. A l'heure où on a parfois l'impression que la médecine est devenue de plus en plus techniciste et déshumanisée, ce retour aux fondamentaux porté par la fiction a quelque chose de rassurant pour l'âme.
Tout ceci est porté par un art consommé du récit, chaque itération de l'intrigue la faisant progresser par petites touches disséminées discrètement, avec par exemple ce leitmotiv "il y a toujours des éclairs" qui apparaît dès le début, et qui sera explicité à la toute fin. Si l'action se focalise principalement sur Silas Coade, le colonel Ramos et dans une moindre mesure Dupin, ces personnages secondaires que sont l'enseigne Mortlock et les autres officiers, comme le commanditaire de l'expédition, sont bien définis.
En somme une lecture très recommandable, et un exemple de plus du talent de l'auteur britannique.