L'enfant a déjà neuf ans lorsqu'il revoit son père pour la première fois. Il garde un vague souvenir de cet homme qui est parti un jour, laissant à sa mère le soin de s'occuper de leur fils et de subvenir à ses besoins. Elle l'a aimé pour deux, c'est son petit homme à elle. Mais un jour, le père revient. Prêt à racheter ses fautes et à donner à cette petite famille une nouvelle chance.
La mère accepte, plus par peur que par envie, cela se ressent d'emblée. L'enfant n'est pas dupe non plus. Lorsque le père leur demande de le suivre dans sa maison d'enfance dans la montagne, une maison bricolée par son propre père, isolée, au milieu de la forêt, sans voisin, sans eau courante, avec uniquement un groupe électrogène pour assurer un minimum de confort moderne, l'enfant et la mère le suivent, sans mot dire. Tout juste la mère ose-t-elle faire remarquer que ce ne sont pas des conditions de vie pour un enfant, même si ce n'est que le temps d'un été et qu'ils retourneront chez eux à la rentrée. S'ils rentrent...
Jean-Baptiste Del Amo a un talent évident pour planter les décors de la nature, prenant le temps de détailler la végétation, les mouvements des animaux, les couleurs et sensations de la forêt. Cela donne un récit très minéral et sensoriel où la nature prend le dessus sur l'homme. La famille apparaît emprisonnée dans l'immensité de la forêt qui semble hostile et de là naît déjà un premier sentiment de malaise. L'atmosphère devient plus pesante et tendue évidemment avec l'attitude du père, qui pense pouvoir renouer les fils qu'il a lui-même coupés des années auparavant. Obstiné, revanchard, il travaille nuit et jour pour que sa famille puisse vivre en autonomie, sans besoin de personne. Coupant ainsi sa compagne et son fils du reste du monde.
Plus le récit progresse, plus l'angoisse monte. Les souvenirs s'entremêlent avec le temps présent de la forêt, éclairant les attitudes et les pensées de chacun. Le drame semble inévitable, d'autant qu'un évènement aussi inattendu que terrible va se produire et faire grandir l'enfant bien plus vite que ce qu'on attend d'un petit garçon de neuf ans.
Avec ce huis clos, Jean-Baptiste Del Amo livre un roman impossible à lâcher tant le suspense et la tension jouent avec nos nerfs. Son écriture précise et immersive amplifient le plaisir de lecture de cette excellente et terrible histoire. Ne passez pas à côté de ce roman !