Les Chroniques de l'Imaginaire

A poings fermés - Antoine, Amélie

Depuis que Gaspard a emménagé en Bretagne avec sa mère, il n'arrive pas à se faire à sa nouvelle vie. Lui qui était heureux à Paris aux côtés de ses deux parents, s'amusait avec ses copains et était populaire au collège ne compte désormais plus pour personne. Sa mère est accaparée par son poste de directrice d'hôtel, son père a gardé l'appartement à Paris et refait sa vie et au collège, il ne se fait aucun ami. Lui pourtant a remarqué Olivia. Elle est belle et toujours entourée. Mais pas par Gaspard, à qui elle n'a jamais adressé un regard.

Un jour, Gaspard trouve un stratagème pour attirer son attention. Cependant, les conséquences ne sont pas du tout ce qu'il espérait. Le balayeur du collège a vu ce que Gaspard avait fait et lui demande de nettoyer sa bêtise. Par bravade, Gaspard refuse. C'est alors que le balayeur le menace : à partir de maintenant, ses nuits seront un cauchemar.

Gaspard se met alors à connaître une expérience éprouvante tous les soirs au coucher. Son corps s'endort mais pas lui. Il est paralysé et voit une ombre s'approcher sans qu'il ne puisse rien faire. Une terreur devant laquelle il se trouve impuissant s'empare de lui tous les soirs. Comment va-t-il pouvoir se défaire de cette malédiction ?
Les jours passant, Gaspard s'est fait un ami, Kaïs. C'est un ado plein d'enthousiasme qui a le cœur sur la main et va tout faire pour porter secours à Gaspard. Tous les deux vont tenter de comprendre qui est ce balayeur que seul Gaspard semble voir et comment se débarrasser de lui.

A poings fermés se lit d'une traite tant il est entraînant. On s'attache d'emblée à Gaspard, qui se sent abandonné et oublié et n'arrive pas à faire le deuil de sa vie parisienne heureuse avec ses deux parents amoureux. La séparation est difficile à vivre, d'autant que son père s'est très vite adapté à l'absence de son fils. La solitude et la tristesse lui pèsent et on éprouve beaucoup d'empathie pour ce personnage. Cela donne envie de le suivre chapitre après chapitre. D'autant plus que l'intrigue est très prenante. Forcément, on a envie de savoir qui est ce balayeur, comment il a procédé pour lancer sa malédiction, comment la lever. Et les idées de Kaïs ne manquent pas pour résoudre le mystère ! Il entraîne Gaspard dans des péripéties à la fois inquiétantes et drôles. Car l'humour ne manque pas, on rit et sourit beaucoup.

Amélie Antoine a commencé à écrire des romans adulte et elle sait aussi y faire en littérature jeunesse. Le ton, le rythme et les thèmes sont parfaitement adaptés à un jeune lectorat qui frissonnera, rira et s'apitoiera sur le sort du pauvre Gaspard. Moi-même qui ai dépassé le collège depuis longtemps me suis régalée avec cette histoire qui me faisait avaler les chapitres les uns après les autres. Attention toutefois à l'âge, les scènes d'endormissement sont assez angoissantes et l'âge conseillé par Syros de onze ans me semble jeune. Treize ans me paraît plus adapté pour aborder le thème effrayant de la paralysie du sommeil, un phénomène rare mais réel.

Malgré un dénouement trop rapidement expédié qui ressemble plus à une pirouette qu'à une véritable explication, A poings fermés aborde les thèmes du divorce, du déménagement, de l'amitié, de l'anxiété de manière originale et palpitante. Un excellent roman difficile à lâcher !