Le jour de la Course, Noon n'est pas vraiment intéressé, même s'il y assiste, en compagnie de Yors qui essaie de lui en expliquer les tenants et aboutissants, notamment politiques, puisque les Verts et les Blancs, surtout, représentent des nobles puissants. L'intérêt de Noon va toutefois être rapidement éveillé lorsque Cominius, le favori Blanc, en tête, semble bizarrement souffrant, et chute, et surtout lorsque son cheval disparaît dans une sorte de vapeur émanée de l'arène. Le concurrent des Verts remporte la course, mais à ce stade le tumulte est total, et dans les jours suivants le changement de régime, l'Inversion, ne peut avoir lieu car l'état de santé de Cominius se dégrade, jusqu'à sa mort. Marcade, le sorcier officiel du Suzerain, décrète que tout cela est dû à la magie strygienne, et Noon est bien d'accord que la sorcellerie a participé à ces évènements.
Parallèlement, la délégation mingole est arrivée pour le mariage du prince Jail-Er avec la jeune Cinna Kistomercès, nièce du Suzerain. Personne n'a demandé leur avis aux deux personnes concernées, et aucune des deux n'est vraiment d'accord, mais ce n'est qu'un détail. Etant donné les désordres en ville, Rinaldo Nell'Orto demande à Noon de vérifier qu'aucune attaque magique n'est portée contre le prince, et de le protéger.
Dans le deuxième opus des aventures du jeune Noon, les auteurs amplifient et détaillent l'univers. On y voit moins la géographie de la ville, l'action, plus homogène que dans le précédent, se concentre sur les lieux et personnes de pouvoir : le palais, la Curie, et dans une moindre mesure la délégation mingole. D'une part, cela maintient l'intérêt du lecteur familier du premier tome, mais cela permet aussi de le lire sans avoir lu ce dernier.
Les changements de ton liés aux différents points de vue, de la gouaille familière de Yors au lyrisme descriptif et onirique du monde du soleil noir, en passant par le réalisme de dame Cordélia, permettent au lecteur de s'immerger immédiatement dans le point de vue en cours, et donnent sa coloration à l'action immédiate. Les personnages sont un point fort, avec notamment des femmes très différentes mais chacune puissante à sa façon, et qui ne s'en laissent pas conter par ceux prétendant être leurs supérieurs.
Il n'y a rien de manichéen dans cette histoire, ni de personnage tout-puissant, surtout pas Noon, qui peut par moments sembler supérieur, mais peut aussi se révéler dangereusement crédule et gaffeur, notamment dans ses rapports avec Tubal.
En somme, cet excellent roman se révèle encore meilleur que le précédent, et on ne peut qu'attendre avec intérêt la suite déjà prévue.