Les Chroniques de l'Imaginaire

Ton absence n’est que ténèbres - Stefánsson, Jón Kalman

Cette histoire hors du commun débute par la présence inexpliquée d’un homme dans une église au fin fond des fjords islandais. Égaré et amnésique, l’homme se demande s’il n’est pas tout simplement en train de rêver. Ou s’il n’est pas résolument mort ?

Seul, sans souvenir, ni repère, il se décide à déambuler dans le cimetière attenant quand il aperçoit une sépulture gravée avec l’épitaphe « Ton souvenir est lumière, et ton absence ténèbres ». Alors qu’il s’apprête à repartir, une femme vient à sa rencontre et lui parle comme si elle le connaissait depuis toujours. 

Ce sera le premier échange d’une longue série de conversations qui peu à peu ouvriront les portes de sa mémoire pour y faire entrer les récits profonds et bouleversants d’une grande famille sur plus d’un siècle de vie. 

Autant de personnages et de destinées différentes qui ne cesseront de s’entrecroiser sur quatre générations pour témoigner de la fragilité de la vie, des actes manqués, des renoncements, des choix impossibles à faire mais pourtant parfois nécessaires dans cette quête perpétuelle du bonheur qui semble animer l’humanité.

Puzzle romanesque extraordinaire, claque magistrale, livre exigeant mais histoire inoubliable. Voilà ce qui m’a traversé pendant ma lecture et qui demeure longtemps encore après avoir refermé ce colossal condensé d’amour de quasiment six cents pages. 

Ce roman m’a clairement sorti de ma zone de confort ! J’ai mis du temps à rentrer dans l’histoire et j’ai même dû dresser un arbre généalogique avec les noms des multiples protagonistes pour ne pas complètement me perdre dès le départ. J’ai parfois trébuché sur des passages plus difficiles et à l’inverse été littéralement embarquée par cette ode à la vie traduite dans une langue savoureuse et poétique.

S’il nécessite d’être dans le bon état d’esprit pour l’accueillir et ne pas passer à côté, quitte à s’y prendre à plusieurs reprises, la lumière des mots choisis fait de ce livre une compilation d’émotions dans toute leur puissance et leurs variations. Bref, je crois que c’est ce qu’on appelle plus communément un véritable chef d’œuvre !