Holly vit dans un monde ou les tapis volant côtoient les dirigeables, où les ceintures sont parfois remplacées par des cravates et où sa logeuse possède une petite dragonne domestique teinte en rose. Mais pour Holy, cela n’est en rien exceptionnel, tout comme son travail au Musée National où elle est guide. Même s’il y a peu de visiteurs, Holly effectue son travail de la manière la plus consciencieuse qui soit, et elle retrouve chaque soir sa sœur dans leur petit logement. Jusqu’au jour où celle-ci disparait, et où Holly décide de partir à sa recherche.
Sue, quant à elle, est une jeune adolescente d’une douzaine d’années qui, comme à chaque vacances d’été, va retrouver ses tantes dans le manoir familial, au cœur de la campagne anglaise. La jeune fille aime ces moments passés loin de Londres, car elle ne s’entend pas très bien avec sa mère. Et au manoir, il y a grand-mère Phryne, qui passe tout son temps à dormir et à laquelle Sue peut raconter les histoires qu’elle couche sur le papier tout au long de l’année.
Dans ce livre, on va aussi croiser Olivier, un étudiant, Balthazar le pirate au tricorne, possesseur d’un navire qui a la capacité d’être invisible aux yeux du monde, Mr Lynch, une ombre étrange et inquiétante, Mr Ferguson qui semble être un serviteur indéboulonnable auprès de la famille de Sue, des murmures étranges et des failles temporelles qui le sont beaucoup moins.
Autant le dire tout de suite, j’ai adoré ce bouquin. Dès les premières pages et après avoir lu la description de la logeuse et de la ville d’Astrelune, j’ai été happée à la fois par l’univers et par l’histoire. L’imagination débordante de l’autrice, alliée à sa plume à la fois poétique et d’une efficacité redoutable, font de l’univers d’Astrelune mais aussi de Sheryton quelque chose de presque tangible. D’ailleurs, Astrelune a parfois des airs d’Ankh-Morpork, la ville fétiche de Terry Pratchett tellement certaines choses qu’on y voit semblent juste absurdes (mais après explications de l’autrice, pas du tout !), mâtiné avec des éléments qui rappellent beaucoup l'univers steampunk un peu déjanté de Gail Carriger.
Loin d’empiler les poncifs du genre, on découvre plusieurs univers : Astrelune et toutes les merveilles qui le composent — même si certaines associations semblent hasardeuses —, ainsi que le manoir et Sheryton qui, bien que délabrés, sont beaucoup plus ancrés dans la réalité. Au premier abord. Car c’est là tout l’intérêt du récit du point de vue de Sue au début : on a l’impression que tout est normal, jusqu’à ce qu’une fissure apparaisse dans la réalité. Et cet effet est très bien amené, sans ficelle grossière. J’ai par moment eu l’impression d’être dans The Room, une série de jeux d’énigmes où on se glisse dans des failles pour résoudre des problèmes qui semblent insolubles. En effet, l’aura qui apparait quand Sue porte les bésicles de son ancêtre ressemble beaucoup à l’aura magique qu’on découvre en portant le monocle de recherche dans ces jeux.
Je ne peux pas parler du gros twist qui fait basculer toute l’histoire sans trop en dévoiler, mais j’ai été bluffée. Et c’est assez rare pour être souligné. Même si à ce moment le rythme de l’histoire allait bon train, le twist redonne une énergie nouvelle à l’ensemble et, il faut bien l’avouer, j’ai eu beaucoup de mal à poser le livre pour aller dormir.
Du côté des personnages, on s’attache très vite à Holly et à Sue, Balthazar ressemble furieusement à Jack Sparrow mais sans le côté dandy (même s’il aime beaucoup le rhum), on aimerait avoir les tantes de Sue dans sa famille (leur chausson aux pommes a l’air fameux) et les antagonistes ont de bonnes raisons d’être des antagonistes. On est loin de « il est méchant et c’est tout ».
Je ne peux que conseiller ce roman à tous les fans de fantastique et dans une moindre mesure de steampunk. J’ai vraiment passé un excellent moment en compagnie des différents héros de l’histoire et j’avoue que j’ai eu un pincement au cœur en refermant le livre. Je pense que je le relirai avec plaisir dans le futur, car j’ai vraiment beaucoup apprécié l’univers, les personnages mais aussi l’histoire, extrêmement bien ficelée d’un bout à l’autre.