Le lieutenant Vian Cabayol, incorporé à la Colonne de Feu, a été de tous les combats depuis qu'il a débarqué du bateau qui l'a ramené d'Azomar, avec ses hommes et son fidèle second, Sergio l'Eureske. Même en permission, il est hanté par ces deux ans de guerre incessante. Son mariage avec Olympia Arpinal est insatisfaisant pour tous deux, mais surtout pour elle, qui a dû renoncer à sa carrière de torera pour épouser un homme incapable de lui donner un enfant. Vian se drogue à la "pilule du courage" pour accomplir son devoir. La famille Cabayol n'existe pour ainsi dire plus : leur finca est dans la région tenue par la Coalition rouge, Colin et Estela sont partis en Alaryne, les entreprises de la famille ne tournent plus, et Andrès a disparu.
Andrès appartient au bataillon de miliciens surnommé la Harde, avec Josha Guerruti, qui décide de partir pour Rivera Hileda, afin de participer à la protection de la capitale, Camporeal. Au moment où le territoire tenu par la Machine et ses alliés se réduit comme peau de chagrin, où l'ennemi reçoit de l'étranger des armes modernes et puissantes en abondance, où le président Neralma veut intégrer dans l'armée nationale républicaine les milices armées machinistes et renvoyer chez eux les brigades internationales venues en renfort, il est vital de démontrer leur utilité. Il redoute toutefois ce qui pourrait arriver à son fils, resté à Agujero avec Agustina, si ses deux parents devaient être tués. Lea et lui décident qu'après sa mission présente elle rentrera à Agujero et y restera jusqu'à la fin des combats et, avec de la chance, le retour d'Andrès. Mais au moins l'enfant aura-t'il l'un de ses parents avec lui. Dans toute cette folie désespérée, il est au moins heureux de se dire que son petit frère a déserté, qu'il est à l'abri.
Ce second tome est aussi palpitant que le premier. Il raconte la fin de la guerre qui a opposé pendant plus de deux ans une coalition mal armée et aux buts disparates, sinon contradictoires, à une machine de guerre soutenue à la fois par l'argent des industriels locaux et étrangers, et par les armes de l'empire du Fierven, dont les idéaux sont défendus par les fléchistes. On y suit des personnages nuancés, appartenant à différentes classes sociales, et aux deux camps en conflit. Les deux frères restent semblables à eux-mêmes, l'aîné fidèle du début à la fin à sa personnalité et à ses idées, et le second essayant de se trouver un chemin dans les multiples compromissions qu'il est amené à faire pour satisfaire tous ceux qu'il côtoie. On en apprend davantage sur eux, sur leur histoire personnelle et sur ceux qu'ils ont rencontrés tout au long de leur vie, au fil de retours en arrière.
Il est impossible de dissocier les deux tomes, qui sont en fait deux volets successifs d'une fresque politico-militaire de grande ampleur. L'autrice a habilement transposé les éléments historiques de la guerre civile espagnole, en donnant des visages cohérents et crédibles aux différents personnages impliqués, du général Ovando à Josha Guerruti, en passant par le quadio Osant, Vian Cabayol et Sergio, jusqu'à la jeune Ada et Isabeau Flore. Que l'on soit ou non familier de ce sanglant épisode de l'histoire du XXe siècle, cela en fait une lecture passionnante, que je ne peux que recommander chaudement.