Aminata vit heureuse dans son village africain aux côtés de ses parents et des autres villageois. On entend parfois des histoires sur des toubabs (blancs) qui enlèveraient les noirs mais ça ne reste que des histoires. Jusqu'à ce que cela arrive à Aminata Diallo, enlevée après avoir vu ses parents se faire tuer devant elle. Emmenée de force dans un bateau, maltraitée comme tous ses semblables natifs d'Afrique, elle débarque de l'autre côté de l'Atlantique où elle est vendue pour être esclave. Ce récit, fictif mais évidemment basé sur des réalités historiques, retrace l'ensemble de sa vie.
Car malgré les épreuves, Aminata vivra longtemps et sera accueillie à Londres par les opposants à l'esclavagisme, qui s'appuieront sur son parcours pour plaider leur cause. C'est là que débute le roman, là qu'elle décide d'écrire ses mémoires, là qu'elle reprendra les choses depuis le commencement.
Dans son malheur, Aminata aura la "chance" d'atterrir en Caroline du Sud puis de monter vers le nord, où le sort des esclaves est moins abominable (toutes proportions gardées) que dans les États du Sud. Elle ne sera pas libre mais parviendra à apprendre à bien lire, à écrire, enseignera aux autres, sera affranchie. Elle connaîtra un homme qu'elle aimera et qui malgré lui lui fera subir les pires tourments de sa vie de femme.
A travers son destin, c'est tout un pan de l'histoire du monde qui est raconté. La traite des humains, le travail forcé, l'opposition entre les abolitionnistes et les esclavagistes, le retour en Afrique en Sierra Leone notamment avec une liberté soumise aux conditions des colons... Historiquement, l'ouvrage est bien documenté et éclairant. Là où le bât blesse, du moins pour moi, c'est l'absence d'émotions suscitées par le récit. La vision documentaire de Lawrence Hill, malgré son effort pour donner corps à Aminata, prend le dessus sur le souffle romanesque qu'on attend avec force et qui ne nous parvient pas. L'introduction évoque l'adaptation en série télévisée et cela fait sens : le roman présente des passages difficiles mais l'ensemble est presque lisse par rapport à d'autres romans sur le même thème, plus bouleversants, comme Racines d'Alex Haley, qui laisse le lecteur hagard après la lecture.
A titre personnel, je n'ai pas réussi à m'attacher à Aminata et pour un roman qui a l'ambition de nous faire vivre un destin meurtri et brisé, c'est regrettable.