Joseph est un ancien avocat d’affaire et Roger un ex-braqueur qui a passé presque vingt ans en zonzon et ils vivent tous les deux dans une cabane aménagée au fond des bois, dans le calme et la sérénité de la forêt. Pour gagner un peu d’argent, ils font des petits boulots. Joseph cueille des champignons et des herbes, qu’il livre à la capitale, dans le restaurant d’un ami.
Un jour, alors que les deux compères reviennent d’une expédition à Paris, ils trouvent sur une aire d’autoroute un couffin avec un bébé endormi à l’intérieur. Le bébé vient tout juste d’être abandonné et les deux hommes décident de le sauver, sans en avertir la police. Les voilà donc devenu papas d’un enfant inconnu, et même si leur vie ne va pas fondamentalement changer, elle va être pas mal bousculée.
C’est une histoire rocambolesque qui débute par le plus grand des hasards et j’avoue que j’ai beaucoup aimé m’y plonger. On fait la connaissance de Joseph et de Roger, deux hommes cabossés par la vie, deux hommes qui ont préféré se retirer dans un petit coin tranquille afin de panser leurs blessures et réapprendre à vivre, et l’arrivée du bébé va beaucoup les aider.
Autour d’eux gravitent des personnages hauts en couleurs, Karl Marx le psy, Muguette l’ancienne prostituée, la fille de Roger et son petit ami, mais aussi l’Indien qui fait le meilleur pain de la région et quelques autres encore qui vont croiser la route du duo et du bébé. Chacun va se sentir impliqué dans l’éducation de l’enfant, et aider les deux hommes à être les meilleurs pères possibles.
Au fur et à mesure du temps, l’enfant va leur permettre de guérir leurs blessures les plus profondes et surtout d’en parler afin d’avancer vers la guérison de l’âme.
C’est un roman avec un côté très léger (Mais qui garde un enfant trouvé sans le signaler aux autorités ? Qui trouve un faussaire pour lui créer des papiers à l’ère du tout numérique ?), et un côté un peu nostalgique et introspectif, sans être lourd ou larmoyant. Les personnages, bien qu’un peu caricaturaux (mais dans le bon sens), sonnent justes et on se surprend souvent à sourire devant les scènes familiales. Mais aussi à saliver, l’auteur ayant abondamment complété sa prose par l’évocation de petits plats, de fromages, de charcuteries ou encore de vin et de gnôle.
Ce fut pour moi une jolie et agréable découverte, avec une langue simple mais parfois truculente.