Afin d'essaimer dans le cosmos, l'humanité envoie des vaisseaux terraformer les planètes ayant le potentiel d'accueillir des formes de vie terrestre. L'un de ces vaisseaux, l'Égéen, tombe sur un os : il se trouve que la planète vers laquelle il a été envoyé abrite déjà une vie extraterrestre. L'équipage est partagé entre l'excitation de découvrir de nouvelles créatures et la frustration de ne pouvoir mener à bien sa mission originale. L'un de ses membres, Desra Senkovi, se saisit de l'occasion pour proposer de terraformer une autre planète du même système. Elle est moins prometteuse, mais ce sera le terrain de jeu idéal pour ses petits protégés : des poulpes à l'intelligence artificiellement développée qu'il a tendance à préférer à ses congénères humains.
Des siècles plus tard, ce système reçoit de nouveaux visiteurs : une expédition venue du Monde de Kern, composée d'humains et de Portidés, des araignées intelligentes. Ils ont capté des signaux intéressants et sont venus enquêter. Mais rien ne va se passer comme prévu et ils vont se retrouver aux prises avec un étrange parasite susceptible d'anéantir toute forme de vie sur son chemin…
Dans les profondeurs du temps se compose de deux récits entrelacés : l'histoire de Senkovi et ses pieuvres d'une part, celle de la mission humano-portidée qui découvre la civilisation céphalopode de l'autre. Bien que plusieurs siècles les séparent, la menace commune à laquelle les deux sont confrontés offre un fil rouge au roman. Les révélations savamment distillées parviennent à maintenir la tension d'un bout à l'autre du livre.
Dommage que les personnages manquent de caractère. À l'exception de Senkovi, déplaisant par bien des aspects mais attachant par d'autres, ils sont pour la plupart assez fades, sinon interchangeables, et pas franchement mémorables, simples poupées de papier que l'auteur déplace dans son décor au gré des événements.
Le contraste est frappant avec l'imagination débridée dont fait preuve Adrian Tchaikovsky lorsqu'il s'agit d'inventer des créatures extraterrestres. Les poulpes de Senkovi, les Portidés et le parasite sont trois espèces totalement différentes, dont on adopte de temps à autres le point de vue. Leurs modes de pensée résolument inhumains sont rendus avec beaucoup de finesse et d'inventivité et la question de la communication entre espèces est au cœur d'une bonne partie de l'intrigue.
Du coup, si vous aimez les races extraterrestres originales, crédibles et fouillées, Dans les profondeurs du temps est fait pour vous. Même s'il prend place dans la continuité de Dans la toile du temps, un précédent roman de Tchaikovsky, il peut tout à fait être lu indépendamment : les quelques références à ce livre-là ne gâchent aucunement la lecture de ce livre-ci.
