Ce numéro 36 de GandahaR est consacré aux châteaux hantés ... mais pas à n'importe quels châteaux hantés : ce sont de vraies bâtisses, monuments ou ruines historiques, que les auteurs vont peupler de fantômes et spectres à travers onze nouvelles.
Le donjon maléfique de Jean-Pierre Fontana ouvre le recueil. On y suit Allan, un jeune homme qui revient sur les lieux d'un drame personnel avec des intentions troubles. La nouvelle est courte, sans temps mort et se dévoile véritablement dans ses toutes dernières lignes.
Dans Le château de la consolation de Céline Maltère, Levad arpente encore et toujours la même route jusqu'au jour où une étonnante rencontre la mène vers un château. Avec ses airs d'Alice au Pays des Merveilles, cette nouvelle change drastiquement d'ambiance et offre aux lecteurs une histoire de fantômes étonnamment légère.
Dans la nouvelle suivante, La dame de Ribeaupierre, de Philippe Hohen, un jeune couple de randonneurs ne cherchait rien d'autre qu'un parcours pittoresque avant de rentrer fêter Noël en famille. Mais Gabriel et Jade vont passer au mauvais endroit au mauvais moment et se retrouver pris dans une querelle séculaire. Un conte de Noël efficace, qui reprend à un rythme effréné tous les (bons) ingrédients des histoires de châteaux hantés.
Souviens-toi de Solène Durand adopte une atmosphère plus onirique et vaporeuse. Louise, la propriétaire d'un magnifique petit château, est contrainte de se plonger dans un passé troublant.
Dans Le damné d'Azay-le-Brûlé d'Emma Cornellis, place à un duo d'enquêteurs surnaturels assez classique mais qui fonctionne toujours : d'un côté, la psychologue sceptique qui joue le jeu pour calmer les psychoses, de l'autre, le jeune élève brillant mais un peu plus sensible aux appels de l'au-delà. Les compères se rendent dans un château géré par le Centre des Monuments Nationaux pour mener une de leurs énièmes enquêtes. Bien sûr, les choses ne vont pas se dérouler exactement comme prévu. Le mécanisme surnaturel à l’œuvre est original et éveille donc l'intérêt au cours de la lecture.
Satya Desaï, le protagoniste de Rémanence cinématographique d'Anaïs Buffet, va être le témoin involontaire d'un tournage cinématographique où la répétition des scènes du passé va réveiller des spectres bien réels. Dépaysante, cette nouvelle plaira aux cinéphiles et aux amateurs d'histoires tragiques.
L'empreinte d'Éric Lysøe se situe à la croisée des genres : SF, horreur et policier s'y retrouvent pour plonger le lecteur dans une atmosphère tour à tour drôle et angoissante. On y retrouve un enquêteur humain et son collègue androïde qui tentent de percer le mystère d'une empreinte de corps humain retrouvée dans le mur d'une antique demeure.
Avec L'exorciste ordinaire de Nolwenn Pamart, nous voilà dans un XIXe siècle alternatif avec une autre enquête. Un exorciste se rend dans la demeure d'un noble désargenté où un jeune héritier aurait connu un destin tragique et mystérieux. En peu de pages, l'auteure parvient à créer un personnage et un univers qu'on a plaisir à découvrir.
Tognina de Marion Zell se base sur une histoire vraie, que je ne peux révéler sous peine d'en ruiner la lecture. Nous dirons simplement qu'il fait bon parfois se perdre dans les vieux châteaux et que tous les monstres ne sont pas redoutables.
Ce qui est gravé en nous d'Anthony Boulanger ne nous évoque pas un mais plusieurs châteaux et ses redoutables Dames Blanches. Afin de mettre fin à leur rôle de sentinelle, Jehan part à la recherche du non moins terrifiant Fantôme Écarlate. Voici une autre nouvelle qui développe en peu de pages tout un univers aussi cohérent que terrifiant.
Le rapport de Philippe Caza conclut le recueil avec un texte empli d'humour, qui se veut un rapport de gendarmerie examiné successivement par plusieurs personnes. J'ai beaucoup apprécié sa technique de narration, à coup de notes de bas de page.
Les illustrations disséminées au gré des nouvelles et réalisées par Edlinka Saves, Victor-Jean Nicolle, Lavinia Fontana et Philippe Caza apportent une dose de mystère supplémentaire à ce numéro.
Le magazine s'achève comme d'habitude par des chroniques de lecture rédigées par Martine Hermant et Christine Brignon.