Mina a l'habitude que de jeunes filles belles et talentueuses se rendent dans son village chaque année pour être sacrifiées au Dieu de la Mer. Cela n'en rend pas l'épreuve moins terrible mais ce rituel semble nécessaire pour apaiser les éléments et permettre à la population de subsister jusqu'à la prochaine crise. Les sacrifices ont lieu depuis un siècle et le déchaînement des flots paraît de plus en plus long et violent. Aussi tous les habitants de l'Empire redoublent-ils d'espoirs à l'égard de Cheong Shim, la nouvelle « fiancée du Dieu de la Mer », dont la beauté est telle qu'elle pourrait bien être l'élue qui les sauveraient pour de bon. Malheureusement Joon, le frère de Mina, et Cheong Shim tombent amoureux.
Mina prend alors la décision de s'interposer en plein sacrifice, et se retrouve malgré elle entraînée au Royaume des Esprits à la place de Cheong Shim. Elle y découvre que le Dieu de la Mer est lui-même victime d'une malédiction et plongé dans un profond sommeil. Pour le délivrer, sauver sa vie et son peuple, l'adolescente devra apprendre à composer avec des règles du jeu qu'elle ne maîtrise pas, celles complexes du Royaume des Esprits, démêler les complots et révéler les secrets, y compris ceux oubliés de tous.
L'histoire démarre au quart de tour et nous plonge très rapidement dans le royaume des Esprits, où l'héroïne va aller de difficultés en difficultés ou plutôt d'énigmes en énigmes. La tâche qui l'attend pourrait sembler insurmontable si elle ne se découvrait pas aussi très rapidement des alliés, tous très mystérieux et certains s'avérant d'emblée opposés à sa cause. On apprécie d'en apprendre plus au fur et à mesure de l'ouvrage sur la protagoniste, animée de grands principes moraux, et sur les personnages secondaires, certains passant d'ailleurs du statut d'ennemi à ami en cours de route, ce qui n'est pas si commun que cela dans les livres jeunesse.
L'univers dépeint dans cet ouvrage est juste esquissé. On en devine les contours mais il est, comme certains endroits où va passer la protagoniste, entouré d'ombres. Cela ne nuit pas au récit, bien au contraire puisqu'il s'agit après tout d'un royaume de l'au-delà qui n'est pas soumis aux mêmes règles que celui des humains.
Les enjeux sont forts pour la protagoniste : sauver son peuple, sauver sa vie mais aussi sa famille. La mort (prématurée), le deuil, la maladie sont des thématiques omniprésentes du récit. La spiritualité est également au cœur de l'intrigue : comment croire ou continuer à croire quand les prières ne semblent pas entendues ? Comment garder espoir quand tout s'effondre ?
Bien sûr, ce livre dépeignant un univers de fantasy, il n'apportera des éléments de réponse que dans le cadre de ce monde inventé. Ces interrogations peuplent néanmoins les pensées et constituent l'élément moteur d'une bonne partie de ses actions.
Plus généralement, le livre interroge également les notions de libre-arbitre et de destinée, de respect des traditions et d'émancipation personnelle, d'acceptation du statu quo et d'entrée en résistance. Chacune de ces composantes est incarnée par des personnages ou développée dans une partie de l'intrigue en laissant les lecteurs libres de se faire leur propre opinion sur le sujet. Il s'agit sans conteste d'un point fort du récit, qui parvient à aborder de nombreux sujets compliqués avec nuance.
Une fois n'est pas coutume, le livre en lui-même est également magnifique, avec sa couverture rappelant l'océan, et donne envie de s'y plonger !
La fiancée du Dieu de la Mer est une romance fantasy pleine de mystère et de tendresse qui saura plaire à un jeune public friand de légendes asiatiques et d'héroïnes au grand cœur.
