Les Chroniques de l'Imaginaire

Les jardins d' Eden - Pelot, Pierre

Voici un roman noir et audacieux et pour lequel je souhaite partager mon avis avec vous ici. C'est la première fois que je lis cet auteur : Pierre Pelot, cet écrivain qui fut aussi à l'origine de L'été en pente douce plus connu au cinéma que par son livre. Le personnage principal est Jip, un journaliste sur la fin, malade et alcoolique, et si ce n'est pas le cancer qui peut le faire pencher du mauvais côté de la balance, l'alcool peut y contribuer grandement.

Jip n'est pas seul, il entend des voix ou plutôt ses démons qui le rongent, qui lui dictent ses pensées, qui lui remémorent le passé. Il veut s'en défaire à tout prix, mails elles restent. Et comme Jip n'est plus le bienvenu au sein de son propre journal, autant repartir vers ses origines, retrouver sa fille et peut-être dénouer le fin mot d'une histoire malheureuse, c'est à dire découvrir l'assasin de la meilleure amie de sa fille Annie, retrouvée le corps déchiqueté et morcelé près de Charapak. Charapak, parlons-en ! Un lieu sordide attirant des personnes plus que dérangeantes.

Jip y retrouve sa vie d'avant drôlement amochée et cabossée. Paradis est un village comprenant un camp de manouches ainsi que Les Jardins d'Eden c'est à dire les thermes. Sa fille n'est pas là. On lui cache la vérité. Alors pour Jip autant malmener ses anciens camarades de jeunesse, car eux savent tout, eux savent qu' il va falloir changer leur plan car Jip ne va pas faire profil bas.

Cette série noire démontre le talent d'écriture de Pierre Pelot, quel style ! Aucune phrase n'est simple. Tout est à rallonge et l'on doit se concentrer pour ne pas perdre le fil. Nous sommes aussi bien dans la tête de notre personnage principal que spectateur des scènes tournées à Paradis. Et vu l'état du mec, il faut avoir les idées claires pour ne pas s'embrouiller. On ne sait jamais trop si on est reparti dans les méninges de Jip, on ne sait plus dans quelle scène on est, avec qui il discute. Et puis on comprend vite. Heureusement que l'écriture italique est là pour différencier les moments. C'est un foutoir sans nom mais tellement proche de l'état de vie du journaliste.

En bref, une histoire et affaire scabreuse qui transforme ce thriller en un roman sombre mais avec de l'allure. Une gymnastique psychologique dans un coin paumé et dramatique où les habitants s' isolent et vivent dans leur monde hors la loi.

Le style exceptionnel de Pierre Pelot est ici remarquable, l'histoire m'a fait frissonner et, je vous l'avoue, n'a pas été mon coup de coeur car ce n'est pas ma came. Mais je reconnais que cet auteur ne me laisse pas indifférente, une telle démonstration de style d'écriture va me marquer, et il va être difficile de retourner à de nouvelles découvertes littéraires plus simples pour les beaux jours à venir.