Isidore Beautrelet est déterminé à résoudre le mystère de l'aiguille creuse. Ce lieu caché est supposé abriter le fabuleux trésor royal qui est l'héritage des rois de France. Le jeune détective amateur est persuadé que cette quête le mènera également à Arsène Lupin, le célèbre gentleman-cambrioleur.
Effectivement, le brillant jeune homme va vite être confronté à l'insaisissable Lupin, maître des déguisements, qui semble prendre plaisir à se jouer de lui, gardant toujours plusieurs coups d'avance.
Ce volume clôt de manière magistrale l'arc de L'Aiguille Creuse. On découvre la fin de l'histoire avec le point de vue de Beautrelet, qui se démène tant et plus pour résoudre le mystère en suivant les traces de Lupin, qui l'impressionne beaucoup :
"Ce personnage est incroyable. En terme d'idées, de richesses, de pouvoir ou de capacité à agir, il est loin d'être inférieur aux souverains d'aurefois. Et pourtant, comment ne pas être émerveillé par la verve de cet homme, sa gaité, sa gaminerie, son insouciance ironique et sa joie de vivre ? Cet homme libre plus que tout autre a décidé de changer de vie pour une femme ! Il déborde d'espoir en l'avenir."
Et oui ! Comme on le découvre à la lecture, et comme le souligne le mangaka Takashi Morita, cette aventure de Lupin représente un moment clé de son existence. Si elle est la plus connue et appréciée du public, elle marque un tournant dans le vie du gentleman-cambrioleur, sa confrontation finale avec Herlock Sholmès faisant la transition entre sa période insouciante et celle plus triste qui va suivre.
Comme toujours, on sent le mangaka passionné par son sujet. Ses notes occasionnelles en sont la preuve flagrante, et le soin qu'il a mis à se documenter pour livrer l'oeuvre la plus fidèle possible est digne d'éloges. Les décors sont particulièrement soignés, avec des dessins d'une grande justesse. Il faut d'ailleurs noter que, pour un impact plus fort, les quelques pages correspondant à la découverte de l'Aiguille et des falaises d'Etretat par Beautrelet sont en couleur, et les teintes dorés du soleil couchant sont extraordinaires.
Si ce manga est très réussi, il y a cependant plusieurs choses qui me dérangent un peu. D'abord, c'est extrêmement verbeux. J'imagine que c'est nécessaire pour bien suivre la complexité de l'intrigue, mais c'est parfois un peu lourd à lire. Ensuite, les personnages ont souvent des bouches démesurément ouvertes, que ce soit par ébahissement ou amusement. Et pourquoi Herlock Sholmès a-t-il donc des oreilles aussi pointues qu'un natif de Vulcain ? Enfin, si j'ai apprécié la galerie de photos couleurs en fin d'ouvrage présentant les lieux "en vrai", il s'est avéré que j'étais totalement incapable de lire le texte associé, écrit avec une police si petite que même la loupe ne m'a pas sauvée : dommage, car cela laisse le lecteur sur une fausse note.
Cette adaptation en manga donne une nouvelle jeunesse à l'oeuvre de Maurice Leblanc et saura sûrement toucher de nouveaux lecteurs.
