L'empire de Mikoshima est une nation prospère : ses armées sont victorieuses et son économie florissante. Il se trouve bien quelques contestataires pour se plaindre de la situation chez les Sorabitos, ces habitants des différentes cités volantes qui jalonnent le territoire impérial, considérés comme des citoyens de seconde zone par les habitants de la surface ; mais ils sont rares et n'ont pas l'air bien dangereux. Bien plus inquiétants sont les shikigami, ces monstres de papier qui peuvent causer des dégâts considérables lorsqu'ils ne sont pas sous l'emprise d'un pliomage.
Himura est un de ces pliomages. Membre d'équipage de l'Orihime, un navire de chasseurs de shikigami sauvages, il rêve de retrouver le savoir perdu de leur caste. Cette quête l'amène à croiser la route de Kurara, jeune servante à l'hôtel volant du Midori qui possède elle aussi un don pour l'origami. Lorsque le Midori est détruit par l'attaque d'un gigantesque dragon de papier, Himura accepte de prendre Kurara sous son aile pour l'aider à développer ses pouvoirs. Elle n'a pas le choix : pour sauver son meilleur ami, Haru, elle doit être capable d'impressionner la princesse Tsikumi, la seule qui puisse lui venir en aide.
Les cités rebelles relève du silkpunk, un sous-genre de la fantasy au carrefour du steampunk et des mythes et légendes d'Extrême-Orient. Ce vernis japonisant, s'il reste superficiel, apporte une touche d'exotisme bienvenu à un univers de fantasy young adult assez conventionnel par ailleurs. On retrouvera ainsi une société avec des dominants et des dominés, une gronde sociale qui menace de de dégénérer en rébellion ouverte… Idem pour les paysages : les navires aériens et les villes volantes apportent un brin de fantaisie, mais les forêts et les châteaux que visitent les héros sont autrement bien banals.
Kurara, la protagoniste, est raisonnablement attachante. Ses motivations sont solides et, s'il lui arrive de faire des bêtises, ce n'est jamais par facilité scénaristique. Himura est plus ambigu, donc plus intéressant, et son familier, un renard de papier tout fou, est absolument adorable. Les autres personnages sont moins fouillés, mais remplissent adéquatement leur rôle dans l'intrigue.
Qui dit fantasy dit voyage et Les cités rebelles ne fait pas exception. La majeure partie du récit consiste à amener Kurara du Midori à la cour impériale. Plus que les endroits traversés, somme toute peu décrits, ce sont les relations de Kurara avec l'équipage de l'Orihime et son apprentissage avec Himura qui sont le plus décrites. Ce n'est pas déplaisant, quoique assez prévisible dans ses révélations et ses retournements de situation. La fin du livre propose une grande bataille bien épique comme il le faut, dont les retombées annoncent les enjeux du prochain tome de la trilogie.
Somme toute, Les cités rebelles ne me laissera pas un souvenir impérissable. J'en lirai la suite sans déplaisir, mais je suis sans doute trop âgé par rapport au public visé par Ann Sei Lin.