Les Chroniques de l'Imaginaire

Les ombres de Thulé - Mallet, Patrick & Marty, Lionel

De très anciennes légendes racontent que le jour où les hirudinées déferleront sur le monde et que les hommes devront aller chercher l’aide des Thulésiens, tout espoir sera perdu.

En 136 après JC, en Ecosse, au-delà du mur d’Hadrien, une colonne de Romains avance. Leur but : rejoindre le général Gaïs Horatius afin que sa femme puisse accoucher à ses côtés. Une prophétesse l’a promis : l’enfant a une grande destinée. Mais la sorcière a menti et c’est une embuscade qui attend la colonne. Tout le monde est décimé et seul l’enfant de Horatius a survécu par miracle. Il sera élevé par les Pictes, ce peuple écossais ancestral.

Dix neuf ans plus tard, une rencontre violente entre Thorfel, un Romain et le roi des Pictes se termine par la mort du sorcier Picte que Thorfel venait de réussir à enlever. Mais Ithomée, la sorcière qui suit Gaïus Horatius désormais, arrive à le réanimer quelques minutes, le temps pour elle de lui voler tous ses secrets. Elle veut découvrir le secret de la magie Picte et de la protection offerte par les Thulésiens.

Cette lecture reste pour moi assez mitigée. Niveau scénario, on est dans de la pure fantasy, avec un mélange entre Conan le Barbare et les Grands Anciens de Lovecraft, mâtiné d’une touche d’histoire écossaise, mais cela reste somme tout très classique dans le déroulé du scénario.

Dans les personnages, on a le barbare qui va se sacrifier (après avoir couché avec une déesse), la méchante sorcière quasiment immortelle qui manipule tout le monde, le Romain qui se fait manipuler, le fils du Romain qui ne sait plus s’il est Picte ou Romain, la jeune femme qui va devenir reine du clan, bref, du classique un peu brouillon. Et cela m’a un peu gênée parce que le scénario est sans surprise et surtout répétitif.

Côté dessin, j’ai détesté le chara design qui n’est pas du tout maîtrisé. D’une case à l’autre, les personnages changent de tête. Pas d’expression non, de visage carrément. Sans la couleur de leur vêtement, on pourrait croire que ce n’est pas du tout le même personnage que dans la case d’à côté, et ça, c’est franchement gênant pour quelqu’un comme moi qui apprécie énormément les dessins. Il y a des soucis de proportions récurrents sur tout les humanoïdes et les animaux et je trouve ça dommage.

Cependant, le dessinateur maîtrise beaucoup mieux les décors et le chara design des monstres. Les scènes de batailles sont sanglantes à souhait, tout en restant assez brouillonnes. Au bout de la troisième, on a un peu de mal à se projeter dedans et à craindre pour la vie des combattants.

Je dois toutefois avouer que j’ai beaucoup ri avec la tête de la sorcière qui cherche encore à s’exprimer alors qu’elle n’a plus de corps.

On sent que les auteurs se sont bien amusés pour créer cet univers et cette histoire, mais pour moi cela n’a pas du tout été un coup de cœur. C’est une BD destinée à ceux qui aiment la fantasy à l’ancienne, où les hommes sont des barbares, les femmes des tentatrices manipulatrice, et où tout se résout dans des bains de sang. D’un autre côté, avec des monstres lovecraftiens qui arrivent d’un autre plan, difficile de faire autrement.