Mia Havero vit sur un Vaisseau, une arche de civilsation qui a quitté la Terre avant sa destruction. Le Vaisseau est gigantesque, une ville flottante qui vit quasiment en autosuffisance, ne s'arrêtant sur des planètes que pour échanger des matières premières indispensables contre des bribes de connaissances. Celles-ci sont distribuées avec parcimonie, car que resterait-il à échanger si le savoir était entièrement offert aux colons ?
A douze ans, Mia adhère totalement à cette philosophie. Elle considère que les "bouseux" - les habitants des planètes - sont des sauvages arriérés, qui ne méritent pas vraiment l'accès à la civilisation. La plupart des habitants du Vaisseau ne le quittent qu'une fois dans leur vie, et c'est tant mieux.
L'année de leurs quatorze ans, tous les adolescents du Vaisseau doivent survivre à une Epreuve obligatoire : ils sont abandonnés pendant un mois seuls sur une planète. Grâce aux cours de survie qui leur sont dispensés précédemment, la plupart des enfants reviennent et sont alors considérés comme des adultes. On ne recherche pas ceux qui ne donnent pas signe de vie au bout du délai imposé, considérés comme faibles. Ce rite de passage constitue une sélection impitoyable.
Rite de passage est un roman datant de 1968, qui bénéficie ici d'une nouvelle traduction intégrale.
Le récit est raconté à la première personne par Mia adulte, qui nous propose ses souvenirs en les analysant du mieux qu'elle peut. Dans une première partie, son déménagement dans un autre quartier lui permet de nous parler du Vaisseau lui-même et ses différents Niveaux, ceux techniques au fond du Vaisseau, ceux d'habitation en haut, et au milieu un Niveau entier consacré à la reconstitution d'un coin de nature ressemblant à la Terre perdue. La deuxième partie aborde la préparation à l'Epreuve. Enfin, la troisième partie nous relate l'Epreuve proprement dite, qui va s'avérer plus compliquée que prévu et opérer un changement déterminant dans la manière dont Mia considère son univers.
L'aspect SF n'est pas ce qui est le plus intéressant : il n'y a pas grande originalité dans la vie à l'intérieur du Vaisseau que nous décrit Mia, qui occupe son temps à étudier et jouer au foot. Le début du roman peut ainsi paraître longuet par moments.
C'est plutôt un roman d'apprentissage, agrémenté de rapides réflexions sur la morale, l'éthique, les modes de gouvernement...
Le focus est mis notamment sur les questions de colonisation, de rapports de dominance entre peuples différents, de racisme. Ce racisme n'est pas lié ici à la couleur de peau, mais simplement au lieu de vie (Vaisseau ou planète) et au niveau de technologie. Mia est un peu obtuse sur le sujet au début : en réaction à son tuteur qui rappelle que ses ancêtre noirs étaient persécutés à cause de leur prétendue infériorité, elle pense "Cétait complètement stupide : ma peau est plus noire que celle de M. Mbele, et je ne me sens inférieure à personne". Cela ne l'empêche pas de considérer elle-même les bouseux comme des inférieurs... mais son Epreuve va lui ouvrir les yeux, comme à ses jeunes camarades.