Dans un futur proche, le système carcéral s'est enrichi d'une nouvelle variante : les Assignations. C'est un moyen de rendre les détenus utiles à la société en commuant les peines à perpétuité en activités mortelles, que la morale réprouve mais dont la nécessité est indéniable : expérimentations médicales, travail forcé, etc.
Autant dire que quand c'est à son tour d'être Assigné, Quatrain, condamné pour meurtre, n'a pas vraiment de raison de se réjouir. Son job : piloter une mission d'exploration sur Pluton, planète naine glacée et hostile. Six mois de préparation, dix ans de voyage. Seul, et en aller simple : le billet retour n'est pas inclus.
Quatrain se résigne d'autant plus vite qu'il a pour formatrice la plus belle femme qu'il ait jamais vue. Entre mademoiselle Adacea et lui vont se tisser des liens plus profonds que prévu, qui vont le suivre jusqu'aux confins du système solaire.
Cette novella se présente sous des atours un peu trompeurs. Contrairement à ce que l'on pourrait croire au vu du titre et du résumé, l'exploration spatiale n'est qu'un prétexte. Le texte interroge davantage des sujets comme le développement de l'intelligence artificielle, la frontière entre l'humain et l'androïde et la nature des émotions. Un robot est-il capable d'aimer ? Ce sont des thèmes récurrents en SF et ils sont traités avec pas mal de candeur, dans une veine un peu mélodramatique mais tout de même efficace.
Le personnage principal ressemble un peu à un canevas vierge. Bien que le récit soit à la première personne et que l'on suive de près ses émotions et ses interrogations, il subsiste toujours une certaine distance avec lui. Ce n'est pas sans raison et l'on découvrira pourquoi à la fin, car Pluton est un récit à chute : les nombreuses questions que se pose Quatrain (et nous aussi) ne trouvent leurs réponses que dans les toutes dernières pages. La fin, à mi-chemin entre Philip K. Dick et Vanilla Sky, détonne : c'est un couperet glacial et inattendu à la fin d'un récit plein de chaleur humaine. Elle est en tout cas mémorable.
Pour un premier roman, c'est un bel effort de la part de Maxime Mirabel et j'espère qu'il persévèrera dans les littératures de l'imaginaire.