En 1869, la famille de Dull, un jeune Cheyenne, est massacrée par des hors la loi. Traumatisé, Dull n’arrive pas à se souvenir du visage de celui qui a voulu l’éliminer. Seuls ses yeux le hantent, mais c’est insuffisant pour retrouver les assassins de sa famille. Recueilli par Oscar, un photographe itinérant, les deux hommes travaillent ensemble, proposant leurs services au gré des villes qu’ils traversent.
Ce que les gens qui les emploient ignorent, c’est que pour réaliser ses portraits, Dull utilise une magie ancienne de sa tribu, qui l’aide à dessiner des visages plus vrais que nature qui lui permettent de savoir si la personne dessinée est vivante, morte et surtout si elle se trouve dans les parages immédiats.
Un jour où ils arrivent à Little Whiskey, à la recherche de Abel Kober, un meurtrier, ils font la connaissance de Silent Rose, une chasseuse de prime noire. Ils se lient d’amitié avec la jeune femme à la suite d’une bagarre dans le saloon de la ville et plus tard décident d’unir leurs forces à la poursuite de l’homme aux sourcils brûlés.
J’ai reçu ce SP par erreur (il était destiné à un autre chroniqueur) et je dois avouer que sa lecture a été une véritable surprise et un énorme plaisir. En lisant le résumé de la maison d’édition, je n’avais pas été attirée plus que cela par l’histoire, et j’avais un peu peur d’un énième scénario facile et déjà vu. Et en fait, ben… pas du tout.
On a l’habitude des histoires de chasseurs de prime et de vengeance, mais là on est sur un autre plan. Il y a bien un désir de vengeance mais Dull ignore l’identité des assassins de sa famille. C’est donc une chasse à l’homme un peu aléatoire, avec des pistes qui se ferment les unes après les autres, et qui amène le jeune homme au seuil du découragement. Et même si la magie qu’emploie Dull sur ses portraits est très pratique, elle ne peut pas l’aider puisqu’il ne se souvient que des yeux du meurtrier.
Quant aux personnages, j’ai tout de suite adoré Silent Rose. Certes, le silencieux qu’elle emploie sur son arme est un anachronisme, mais un anachronisme qui complète à merveille sa tenue. Long manteau noir, chapeau noir à large bord, lunettes de soleil et chevelure imposante, c’est le portrait craché de Whoopi Goldberg, mais en beaucoup plus dangereuse. Et elle a de bonnes raisons de porter une arme. Être une femme dans un monde d’hommes impitoyables est une gageure mais à aucun moment la jeune femme ne montre de faiblesse. Et c’est cela que j’aime dans ce personnage.
Les autres protagonistes tirent aussi leur épingle du jeu et on suit avec intérêt cette quête parsemée d’affrontements, de trahisons et de traînées de sang. Ce n’est donc pas une BD destinée aux plus jeunes car elle comporte plusieurs scènes de violences sanglantes, mais aucune n’est gratuite et chacune servent l’intrigue et l’histoire.
Si vous aimez les grands espaces, le cinéma de Tarentino et de Sergio Leone, alors vous aimerez cette BD qui reprend tous les codes cinématographiques du genre pour se les approprier avec brio. Le trait de Steven Dhondt se prête à merveille à l’exercice, et on reconnaîtra, au fil des pages, quelques mises scènes emblématiques des deux cinéastes.
Je dois donc avouer que j’ai beaucoup aimé cette découverte et cette lecture. J’ai passé un excellent moment avec ce one shot, au point de regretter qu’il n’y ait pas de suite. Mon conseil : achetez-le, c’est de la bonne.