Les Chroniques de l'Imaginaire

Boy's Abyss (Boy's Abyss - 5) - Minenami, Ryo

Reiji Kurose lutte pour tenir la promesse qu'il a faite à Tchako, son amie d'enfance : ne plus chercher à se suicider. L'idole avec qui il prévoyait de commettre l'irréparable est repartie pour Tokyo, où elle a réintégré son groupe de musique. Cependant, Reiji peine à oublier son projet et brûle de lui demander de revenir se suicider avec lui. 

En outre, la ville ne lui facilite pas la tâche. Sous ses aspects extérieurs de bon samaritain, la mère de Reiji est passée maître dans l'art de la manipulation et fait tout pour empêcher son fils de s'émanciper. La professeure principale de Reiji cherche également à le garder sous sa coupe, alors qu'il a annoncé vouloir mettre fin à leur relation. Pour cette enseignante, tous les moyens sont bons pour remettre le jeune garçon dans son lit.

Pédophilie, harcèlement, manipulation, dépression, tentative de suicide, vous l'aurez compris, ce tome 5 de Boy's Abyss est dans la lignée des précédents et à réserver à un public averti. A chaque tome, on a l'impression que Reiji et Tchako touchent le fond. Mais non, un autre tome arrive pour nous surprendre et nous montrer le contraire ! Il est bien sûr impossible de trop en dévoiler mais l'atmosphère lugubre de la petite ville japonaise est toujours aussi bien décrite, les secrets révélés ou les attitudes des personnages toujours aussi atroces. 

Les tomes précédant permettaient déjà aux lecteurs d'entrevoir la folie de la professeur principale de Reiji, qui se déploie encore davantage dans ce tome. Cependant, ce qui m'a le plus frappé dans ce tome 5, c'est bien l'évolution de la place de la mère de Reiji dans le récit. Il s'agit d'ailleurs du personnage figurant sur la couverture, comme toujours très réussie. La mère de Reiji apparaissait jusqu'alors comme une femme victime d'abus, qui accablait plus par négligence qu'à dessein mais elle pourrait n'être pas si vulnérable que cela. En fait, plusieurs scènes en sa compagnie sont même à glacer le sang. Le contraste entre sa vie publique, d'infirmière en soins palliatifs très appréciée de ses patients et de ses collègues, à sa vie secrète où elle semble exercer un contrôle malsain sur certains personnages secondaires, est savamment utilisé.

Reiji n'est pas le seul à souffrir. Mon personnage préféré, celui de Tchako, morfle beaucoup dans ce tome. Heureusement, son amitié avec Reiji fait encore figure - pour le moment - de rayon de soleil au sein de la série. Bien entendu, cela entretient le suspense. La ville et ses habitants vont-ils réussir à tuer cette amitié, voire ces jeunes adolescents ? Ou vont-ils parvenir à couper les ponts pour s'épanouir à Tokyo, comme le rêve Tchako ?

Pour conclure, ce tome 5 manie encore avec brio le suspense et le sordide pour captiver son lectorat.