Les Chroniques de l'Imaginaire

Brûlez vifs - Collectif

Ce recueil rassemble quinze nouvelles issues d'un concours organisé par les éditions Cordes de Lune sur le thème « Célébrer le soleil ». De la lune au soleil, il n'y a qu'un pas… Les autrices et auteurs se sont saisis de ce thème de bien des manières et dans bien des genres : de la fantasy à la science-fiction en passant par l'uchronie ou le fantastique, il y en aura pour tous les goûts, quitte à ce que le lien avec la célébration du soleil soit parfois nébuleux…

Parmi les quinze nouvelles, on trouvera dix lauréates, quatre sélectionnées mais non victorieuses et une dernière issue de la plume d'un membre du jury. Dans l'ensemble, les textes proposés sont plaisants et de bonne facture, même si la qualité générale m'a semblé aller déclinant au fil des pages. Un certain nombre de coquilles et petites fautes d'orthographe et de grammaire reflètent par ailleurs un manque de relecture assez regrettable.

Pour ouvrir le livre, je n'aurais pas opté pour Comment l’aigle se mua en colombe. Cette uchronie qui imagine une rencontre entre Napoléon et Châteaubriand à la veille de Waterloo n'est pas mal écrite, mais je n'ai pas adhéré aux tentatives d'humour de Jean-François Foll et le lien avec le thème n'apparaît qu'à la dernière ligne, comme calqué a posteriori sur une nouvelle préexistante. Dans une veine historique, j'ai de loin préféré le texte d'AmphitriteQuand le soleil cruel, un retour fort bien mené à l'époque des Incas, des conquistadors et des sacrifices humains… avec un twist que je ne divulgâcherai pas.

Plusieurs textes optent pour une approche littérale du thème « Célébrer le soleil » et se placent dans des univers de fantasy ou post-apocalyptiques pour dépeindre des sociétés fondées sur un culte solaire. Malgré la redondance de ces cadres, que la taille réduite du format nouvelle ne permet pas de caractériser en profondeur, elles adoptent des angles suffisamment différents pour se distinguer. Dans La Flamme Sacrée, Marie Lanotte présente un tandem d'agentes secrètes (une débutante et sa tutrice) chargées d'assurer la sécurité de la flamme éponyme à l'occasion d'un grand rituel public. Emy Laur imagine dans À la gloire de Solis deux cultes rivaux, l'un solaire et l'autre lunaire, dualité concrétisée par un frère et sa sœur qui s'adorent malgré leurs différences. On trouve encore un duo au centre des Feux du Soleil Régnant de Nicolas Rochas, avec un jeune couple qui découvre malgré lui les terribles rouages qui font marcher son monde. Un autre type de société, purement matriarcale, est au cœur de Notre Soleille, de Thomas Villani. J'ai moins apprécié cette histoire de rite de passage à l'âge adulte, encombrée de longs passages versifiés.

La science-fiction a moins été plébiscitée. Anthony Boulanger élabore dans Système binaire un récit étrange dans lequel un enfant est élevé pour piloter un mécha qui ramènera le soleil jadis disparu. Son nom ? Cúchulainn, comme le héros des mythes irlandais… Le Prince d’Aquitaine, de Bernard Monsigny, n'est pas moins curieux, avec ses moines de l'ère spatiale confrontés à des phénomènes stellaires qui les dépassent. En étant large, on peut rattacher à la SF L’artisanat des premières lueurs de Mickaël Andraud qui prend place dans un monde post-apocalyptique, mais c'est surtout l'occasion de dépeindre avec beaucoup de tendresse la relation entre une vieille dame et une petite fille à qui elle raconte le monde d'avant la disparition du soleil.

Du côté du fantastique pur et dur, j'ai beaucoup aimé Radiance, de Jérôme Ricaux, dans laquelle un jeune étudiant assiste impuissant à la transformation incompréhensible de son frère adoré : un texte très finement écrit. Parmi les nouvelles « qui y étaient presque », pour reprendre l'expression de Cordes de Lune, je retiens également La sorcière de l’hiver, de Léa Mao. Même si le lien avec le thème est ici encore ténu, j'ai beaucoup aimé suivre sa protagoniste, une jeune femme à l'écart de la société qu'un individu mystérieux appelle à l'aide.