Les Chroniques de l'Imaginaire

Koko (Blue Rose - 1) - Straub, Peter

Un groupe de vétérans du Viêt-Nam se retrouve à Washington DC pour l'inauguration du mémorial. Il y a Michael Poole, celui qui est devenu pédiatre ; Harry Beevers, celui qui était avocat ; Tina Pumo, celui qui est devenu restaurateur à succès ; et Conor Linklater, celui qui est devenu menuisier. Tous ont la mine sombre. Pas simplement à cause de leurs camarades gravés sur le mur. Ils ont participé à un coup de main à Ia Thuc pendant la guerre, un événement qui ne figure pas dans les livres d'histoire et pour lequel Beevers a, par manque de preuve, évité la condamnation en cour martiale.

Mais devant le mémorial, il en manque un. Tim Underhill. Resté dans le Sud-Est asiatique avec la tête déglinguée au plus haut point. Ils se sentent tous en sursis. Ils savent très bien que plusieurs assassinats horribles à Singapour portent la marque de Underhill, une carte à jouer de leur unité avec le mot Koko.

La conscience - ou les remords - pousse Poole, Beevers, Pumo et Linklater à retourner dans la moiteur de l'Asie pour en sortir leur ancien camarade et l'empêcher de poursuivre ses exécutions.

Ce roman est le premier d'une trilogie appelée Blue Rose dont les épisodes peuvent se lire indépendamment les uns des autres (Mystery et La gorge).

Avec ce Koko, nous avons un groupe d'anciens du Viêt-Nam qui plongent quinze ans en arrière pour tirer leur dernier compagnon hors de l'enfer qu'ils ont créé et où ce compagnon disparu est devenu le principal démon. Chacun d'entre eux mène l'enquête avec ses propres moyens, ce qui fait de Koko un thriller dont la présence dans la collection Terreur de Pocket me rend perplexe. Il n'y a pas d'élément d'horreur, la majorité des polars est plus gore que ce roman ; pas de fantastique non plus. Ce premier point m'a franchement mal aiguillé et a rendu mon immersion dans l'histoire difficile. J'attendais quelque chose qui n'est jamais arrivé.
Koko a eu d'autres éditions en collection thriller de Pocket. Même en partant du fait que cette histoire est mal classée, Koko reste un ouvrage poussif. Le récit démarre lentement. L'enquête patine sur des centaines de pages avant qu'un lecteur habitué (blasé ?) ne recoupe les indices (tombés du ciel) pour découvrir l'identité de Koko bien avant les protagonistes. J'ai eu le sentiment que Straub voulait me perdre de force dans une jungle touffue de mots alors que la réponse était au club-house du golf juste à côté... L'auteur en profite aussi pour ressortir tous les éléments qui m'agacent dans un thriller mal foutu : toujours se débrouiller seul ; ne jamais appeler la police ; on gère face au lunatique armé jusqu'aux dents sans un cure-dent en poche...

Par contre, là où Straub travaille bien, c'est dans la psychologie des personnages et de ce qu'ils ont ramené du Viet-Nam, dans leur esprit et leur corps. Poole, Beevers, Pumo, Linklater et Underhill sont bien construits. La découverte de leur passé et de leur présent est efficace. Ainsi, au contraire de mon argumentation quelques lignes plus haut, le côté touffu, emmêlé de la vie actuelle, des cauchemars du passé, des informations déterrées, etc. colle avec l'état d'esprit intranquille des personnages. Mais si je reconnais le travail, cela ne me fait pas forcément plus apprécier Koko.

Par ailleurs, j'ai vraiment du mal avec ce nom. Koko. Une noix ? un communiste ? du kérosène ? une façon de s'interpeller entre beaufs ? C'est sans doute l'effet de ma lecture en français. Ce nom a eu le don de me sortir du récit illico. Du même niveau, le restaurateur Tina Pumo : Tina est un surnom. OK. Mais pour la mise en image mentale, essayez d'imaginer un chef cuistot vétéran de guerre avec la tête de Tina Turner...

Bref, Koko n'était pas un roman qui m'a donné du plaisir à la lecture. Il a failli plusieurs fois retourner dans ma bibliothèque avec l'infamant statut "non terminé". Pour l'anecdote, Straub a travaillé avec Stephen King qui est l'auteur du dernier bouquin que je n'ai pas su finir (Ca) par ennui. Je n'ai pas trouvé le divertissement dans ce Koko.