Lapyoza est un village isolé et paisible où il ne se passe jamais grand-chose. Même le puissant Empire, toujours avide de conquêtes, n'a pas jugé bon de l'annexer. Alors, quand un humble scribe impérial du nom de Pavil s'écrase près de Lapyoza à bord de son engin volant, les habitants du cru ne savent pas trop comment réagir. Ils finissent par accepter de l'accueillir dans leurs rangs en attendant l'arrivée de la seule navette qui relie le village au reste du monde.
Seul dans cet environnement inconnu, Pavil va découvrir petit à petit les secrets que recèle Lapyoza. Car le modeste village côtier est en réalité construit sur les ruines d'une antique cité dont les habitants disposaient d'une technologie prodigieuse… Pavil osera-t-il braver les tabous et se rendre sur l'île voisine où les mythes affirment que réside le dernier survivant de ces anciens hommes, Hodä, l'homme aux mille visages qui veille sur Lapyoza ?
À mi-chemin entre fantasy et science-fiction, Le visage de Pavil nous plonge dans un univers captivant. Graphiquement, l'architecture, les paysages, la faune et la flore, les habits, les objets du quotidien témoignent tous d'une grande inventivité.
Au fil des pages, on découvre aux côtés de Pavil la vie des habitants de Lapyoza, qu'ils soient prêtres, commerçants ou plongeurs. Tous, même les plus secondaires, ont leur petite personnalité. Ils ne font évidemment pas confiance du tout à l'étranger qui vient de débarquer chez eux, et ils ont raison, car Pavil a lui aussi ses propres secrets…
Le rythme est lent et contemplatif, en accord avec la routine dans laquelle Pavil se retrouve plongé, mais le dévoilement progressif des mystères fait beaucoup pour donner envie de tourner les pages. Même si tous ne sont pas élucidés lorsqu'on referme le livre, cela n'a rien de frustrant et contribue au contraire à stimuler l'imagination.
J'ai beaucoup aimé la patte graphique de Jérémy Perrodeau. Son trait est clair et épuré sans être simpliste, loin du fouillis propre à certaines BD, avec des couleurs très tranchées qui contribuent beaucoup à l'atmosphère des lieux que l'on visite avec Pavil. Le rythme oscille entre les pages pleines de petites cases pour dépeindre le quotidien du héros et les grandes illustrations en pleine page (voire en double page) où l'œil aime à se perdre dans un fourmillement de détails.
Le visage de Pavil constitue un voyage immobile tout à fait fascinant. Je vous le recommande vivement si vous aimez les récits calmes qui vous permettent d'explorer à loisir des paysages fabuleux.