Ils sont trois à parcourir la grande plaine glacée : Evyna d'Enguerrand, jeune noble humaine à la recherche de l'assassin de son frère, et les elfes Silja et Torgend. Le mutisme de la jeune fille, tourmentée par des souvenirs qu'elle n'ose évoquer, inquiète ses compagnons, qui craignent de la voir sombrer dans la folie.
Afin de lui délier la langue, Silja commence à raconter une histoire : celle de l'elfe Afrun. Celle-ci revient à Husevik, sur les lieux d'une enquête durant laquelle son mentor a trouvé la mort dix ans plus tôt : une sombre histoire de disparition d'enfants. Tout concourait à accuser le meunier Kornal, qui a été dûment exécuté pour ses crimes. Mais était-il bien coupable ? Afrun va reprendre l'enquête pour découvrir Le secret de Kornal.
Evyna brise alors le silence, mais ce n'est pas pour ouvrir son cœur. Elle préfère parler du moment où la garnison d'Enguerrand, confrontée à l'avancée d'une armée d'orcs, doit évacuer la citadelle. Un des soldats, Hert Cassevar, a une idée : faire sauter les lieux une fois les orcs arrivés, afin d'en éliminer le plus possible. Mais cela implique de détruire la bibliothèque du prêtre Malek et de faire partir en fumée toute l'histoire de la seigneurie… Ce Grand feu de joie pourra-t-il avoir lieu ?
Ce n'est qu'après cette histoire qu'Evyna se sentira prête à parler d'elle à ses compagnons. Retournant quelques années en arrière, elle leur parle de convois alimentaires pillés sur le trajet entre Enguerrand et Angerac, malgré toutes les précautions prises par le seigneur Hémon. Qui est derrière ces attaques ? Et qui informe les pillards ? Les enfants de Hémon, Evyna et son frère Andréan, mènent l'enquête pour démasquer Les loups d'Enguerrand.
Histoires au crépuscule est un objet littéraire curieux, à mi-chemin entre le recueil de nouvelles et le fix-up. Dans sa postface, Clément Bouhélier explique avoir rédigé les trois textes qui constituent ce livre avant de les relier par un récit-cadre impliquant les protagonistes de sa trilogie romanesque Olangar. Je ne l'ai pas lue, mais l'éditeur affirme que ce livre peut servir de porte d'entrée à cet univers, ce qui m'a donné envie d'essayer. Après lecture, je ne suis pas convaincu : sans être incompréhensibles pour qui, comme moi, n'a pas lu les romans, ces trois nouvelles n'abordent pas les thèmes politiques et sociaux qui en font apparemment le sel et se lisent comme de la fantasy assez conventionnelle.
Conventionnel ne veut pas dire mauvais, bien sûr. Les trois nouvelles proposent des intrigues bien conçues, avec suffisamment de tension pour donner envie de tourner les pages jusqu'au dénouement. La première et la troisième se présentent comme des enquêtes policières avec indices, suspects et révélation finale, tandis que la seconde fait se demander jusqu'au bout si le plan d'Hert aboutira ou non, et même s'il vaudrait mieux qu'il n'aboutisse pas…
Étonnamment, alors que le récit-cadre présente trois narrateurs potentiels, les trois nouvelles ne sont racontées que par deux d'entre eux. Le troisième, Torgend, a droit en tout et pour tout à deux flash-backs, un au début et un à la fin. Ce sont les passages qui m'ont le moins intéressé : je soupçonne qu'ils s'adressent surtout aux gens ayant accompagné ce personnage tout au long de la saga Olangar.
Dans l'ensemble, Histoires au crépuscule ne me laissera pas un souvenir impérissable, même si je l'ai lu sans déplaisir. Il ravira sans doute les fans de la série de Clément Bouhélier qui prendront plaisir à retourner dans cet univers.
