Thibault est revenu, par étapes, de la Catastrophe. Grâce aux bons soins de Lysandre et Lucas, Epinal et les maints blessés humains revenus de la battue se remettent petit à petit. Le froid s'est installé partout dans le Royaume, et avec lui la disette. Les temps sont durs et il se murmure que ce serait à cause d'Ema, la "reine noire". En vue de l'accouchement de celle-ci, Thibault envoie Lucas, le seul médecin en qui il ait confiance, faire sa formation d'obstétricien auprès d'Irma-la-Forte, la meilleure accoucheuse de Pierre-d'Angle.
A son retour, au printemps, il est confronté à une autre urgence : l'équipage du bateau tant attendu qui ramenait de Bergerac les denrées nécessaires au ravitaillement est en proie à une épidémie de choléra. Lucas va lutter contre elle quasiment seul, malgré l'hostilité de l'ordre des médecins et son président, cependant que les hommes fidèles au roi déjouent une tentative de Jacquard de disséminer les germes sur l'île. Le prince, acculé, lance son chien sur Blaise de Frenelles pour l'empêcher de parler, et disparaît une fois de plus.
Ce tome est la suite directe du précédent, et il est nécessaire d'avoir lu ce dernier pour comprendre les enjeux autour de la couronne, et savoir quel secret cache la reine Ema. On y retrouve la plupart des personnages, avec l'ajout d'Esméralda, la messagère, dont l'importance ira croissant au fil des pages, mais sans Clément de Frenelles, dont la veillée funèbre ne se terminera qu'à la visite du roi, qui lui-même ne reviendra vraiment de la Forêt que lors de cette visite.
On y retrouve surtout tout ce qui faisait l'intérêt du tome un : la vivacité et l'humour du langage, l'originalité des personnages, tracés d'une plume acérée, mais trop tendre pour qu'on puisse parler vraiment de caricatures, sauf peut-être dans le cas des médecins, plus Diafoirus les uns que les autres. Les liens entre les vivants et les morts, et plus généralement entre le monde animé et inanimé, entre les humains et le reste de la création, sont un autre point fort.
On en apprend un peu plus sur la reine Sidra, qui d'une certaine façon intègre ici les rangs des personnages principaux, alors même que ses actions se déroulent pour la plupart en arrière-plan. Elle est ici nettement séparée de Jacquard, qui pour sa part reste fidèle à lui-même et à son obsession pour la couronne.
Comme la précédente, la couverture d'Aurélien Police, est superbe, en plus d'être terriblement appropriée.
En somme, c'est un excellent roman de transition, qui fait nettement avancer l'intrigue, avec un bon rythme, et qui me donne une grande impatience de lire la suite, dont j'espère que l'éditeur la publiera également sans trop tarder.