Les Contes de la Montagne sereine sont des contes chinois en langue vernaculaire (huaben). Les huabens sont des sortes de livrets de conteurs, où sont réunis des histoires sur des thèmes très diversifiés tels que l’amour, la mort, les divinités, la richesse, la pauvreté, et ils sont, en somme, le reflet des préoccupations de tous les hommes, quelle que soit l’époque.
C’est de la littérature populaire, essentiellement oralisée avant d’être couchée sur le papier et réunie ensuite dans un premier recueil par un bibliophile passionné. Dans l’introduction de ce recueil, on apprend que les conteurs étaient très populaires et que certains étaient des pointures dans un domaine particulier. En effet, certains se spécialisaient dans la romance, d’autres dans le crime ou même sur certaines périodes de l’histoire (comme celle des Trois Royaumes).
Ce recueil nous apporte donc un panorama très diversifié des contes chinois au fil des âges. Beaucoup commencent par un poème, quelques strophes, quelques vers parfois, et enchaînent sur une histoire destinée à mettre en scène le poème ou la chanson. Car certains de ces huaben étaient en partie chantés, afin de provoquer une interaction avec le public ou leur faire chanter certaines parties
Il y a beaucoup trop de nouvelles dans ce recueil pour en dresser un inventaire exhaustif. La préface de Jeannine Kohn-Etiemble, précédée d’une longue introduction, nous éclaire, entre autres, sur la difficulté de la traduction de ces récits. Et elle nous explique qu’il est impossible de comprendre toute la diversité du genre oral sans traduire les huaben, ou simplement sans les prendre en compte dans la tradition littéraire. C’est une préface très pointue, avec des interrogations et des pistes de réflexions que je suis bien incapable de suivre, n’étant pas linguiste, mais j’ai tout de même trouvé le propos passionnant.
Et cela ne m’a pas empêchée de prendre plaisir à découvrir ces contes, petit à petit, et parfois à les comparer avec les contes régionaux dont les thématiques sont parfois identiques (comme la tentation induite, les tromperies, l’avarice, etc.). Si vous voulez découvrir un peu plus de littérature chinoise, si vous aimez les contes et les récits courts, alors lisez ce recueil, il est très intéressant, d’autant plus qu’il y a une abondance de notes en fin de volume qui aide à éclairer à la fois le contexte des histoires, mais aussi à souligner et expliquer certains points très précis au fur et à mesure des récits.
A noter que ce volume est une réédition d’un ouvrage qui date de 1987.