Ce roman raconte l'histoire du sulfureux poète Charles Baudelaire et de sa mystérieuse maîtresse, Jeanne Duval, celle qui lui a inspiré les célèbres Fleurs du mal, recueil si controversé.
Il rencontre la jeune femme alors qu'elle est en train de se faire passer à tabac par trois hommes, devant un bar. Elle ne réagit pas, ne se défend pas ; on apprendra par elle plus tard que son atonie est simplement due à une alcoolisation élevée. Charles met en fuite les trois voyous et ramène la jeune femme, une géante noire impressionnante, chez lui, abandonnant sans un mot l'ami qui l'accompagnait.
Et à compter de ce jour, une liaison mouvementée va naitre entre les deux jeunes gens. Jeanne est comédienne, mais sa couleur ne lui permet d'obtenir que des rôles muets, des rôles de soubrette. Pour survivre, elle fait des passes. Charles paie le loyer de son logement. Leur liaison est tout de suite tumultueuse, et dure plusieurs années, de séparations en réconciliations, de violentes disputes en violences physiques. Baudelaire se bat également contre sa maladie, la syphilis, qu'il a contractée avec une prostituée.
Ce sont successivement Charles et Jeanne qui s'expriment à travers la plume truculente et dynamique de Raphaël Confiant. L'ensemble peut paraître touffu, décousu, mais ce n'est pas le cas. C'est remarquablement bien agencé, il est facile de déterminer qui parle.
La richesse du vocabulaire ainsi que quantité de mots étranges émaillent le tout d'originalité, qui peut dérouter mais qui donne une note de fantaisie à l'ensemble. Charles et Jeanne utilisent des mots comme "heureuseté", "freideté", "se propreter", etc. Sans oublier bien sûr des vers de Baudelaire, ou d'autres (magnifique texte d'Aloysius Bertrand) ; on croise les amis de Baudelaire dans les cafés littéraires, Théophile Gautier et Alexandre Dumas fils.
C'est un roman foisonnant, on est immergé dans le Paris de Baudelaire, le Paris sulfureux des écrivains de cette époque, mais si riche en productions littéraires de qualité, on navigue entre la drogue (la "confiture verte"), l'alcool interdit (l'absinthe), les cafés littéraires, les vers sublimes déclamés devant des assemblées d'écrivains et de poètes, le sexe avec les prostituées.
Il y a aussi les souvenirs des Îles, l'Île Bourbon d'où est originaire Jeanne, l'Île de France où a vécu Charles quelques mois suite à un heureux concours de circonstances.
C'est un vrai tourbillon qui nous emporte au cœur de cette époque et qui nous montre différentes facettes de ce grand poète qu'était Baudelaire.