Les Chroniques de l'Imaginaire

Le diamant orphelin - Irish, William

Je savais qu’on pouvait lier polar et humour noir mais avec ce recueil de nouvelles écrites par William Irish dans les années 30, j’ai carrément pu accéder à tout un éventail de situations hors du commun pour l’époque.

Elles sont d’autant plus sublimées aujourd’hui où, malheureusement, la technologie est bien souvent le point d’orgue pour venir à la rescousse d’une panne d’imagination ou d’un détective en difficulté. Ici pas d’internet, ni de smartphone, et encore moins de fichiers centralisés ou de traçabilité d’identité. 

Au lieu de ça, ce sont huit petites histoires, des plus loufoques de prime abord aux plus abouties, avec des rebondissements et des dénouements totalement inattendus (ce qui à force de lire des polars devient rare) ! 

On y rencontre tour à tour des braqueurs créatifs, des frères ennemis de la police, des créateurs d’alibis et des coupables parfois innocents (On change de victime, ma préférée). Mais aussi des médiums providentiels, des gangsters mâcheurs de chewing-gum, des chapeaux maîtres-chanteurs et des femmes particulièrement futées sous leurs allures de simples Frimousse d’Ange.

J’ai véritablement passé ce qu’on peut appeler une succession de bons moments de lectures (plaisir que j’ai raisonnablement fait durer en savourant une histoire chaque semaine). Des histoires qui ont parfois été refusées par des maisons d’édition et qui ont fini par se retrouver dans les "pulp", ces magazines bons marchés qui recelaient des pépites.

Elles m’ont justement évoqué d’autres auteurs dans la même veine comme ce bon vieux Charles Williams ou encore Elmore Leonard, spécialiste du genre à qui l’on doit Gold Coast mais surtout le magnifique Punch créole adapté par Tarantino avec son film Jackie Brown.

On n’éclate pas forcement de rire à chaque page, la construction est beaucoup plus subtile et c’est clairement le ton canaille sous ses airs de ne pas l’être qui révèle une plume des plus caustiques qu’il m’ait été donné de lire depuis longtemps !

C’est du pur polar dans la tradition américaine avec des situations qui vont crescendo, des dénouements parfaitement maîtrisés, qui tiennent en haleine, laissent bouche-bée ou font malicieusement sourire par certaines cocasseries ou malentendus malheureux.

Comme je ne connaissais absolument pas feu monsieur William Irish, j’ai l’impression d’avoir découvert un nouvel écrivain alors qu’en réalité il a depuis bien longtemps inspiré des grands noms du cinéma tels qu’Alfred Hitchcock et François Truffaut, qui ont mis sur bobine ses récits les plus célèbres : Fenêtre sur cour, La mariée était en noir et La sirène du Mississippi. De quoi prolonger encore un peu l’amusement avec un style qui n’a absolument pas mal vieilli, bien au contraire !