Les Chroniques de l'Imaginaire

Shadow of the ring (Shadow of the ring - 1) - Nakagawa, Kaiji

Dans le ciel, il y a un anneau. Son ombre se déplace en fonction des saisons. Dans son sillage avance le royaume de Keiju, une gigantesque cité mobile qui suit ainsi un itinéraire immuable depuis des générations. Keiju reste isolé et évite de se mêler de politique locale, s'appuyant pour cela sur ses célèbres hakukai, des armures technologiquement avancées qui rendent leurs porteurs redoutables.

Aushi rêve de découvrir le mystérieux royaume de Keiju, qui échange peu avec le monde extérieur. Contre toute attente, le roi Guan Hohgo de Keiju accepte d'accueillir à bord ce visiteur plutôt ordinaire. La jeune Kamalu, sœur cadette de la reine Dawa, lui servira de guide.

Le jeune homme est à peine installé que le climat tranquille de Keiju est troublé par des événements dramatiques : un assassin aux traits dissimulés sous un hakukai s'infiltre dans la cité, déterminé à emporter le hakutei, le hakukai réputé le plus puissant qui soit, réservé au roi. Il annonce qu'une des grandes puissances voisines veut faire de Keiju son vassal. Le peuple nomade est-il de taille face à cette menace ou devra-t-il renoncer à sa neutralité et forger des alliances ?

Shadow of the ring nous propose de plonger dans un monde de fantasy (ou de SF ? En tout cas ce n'est pas "notre" Terre) entouré d'un anneau planétaire projetant une ombre imposante, délimitant ainsi une région où l'obscurité prévaut. Pourquoi Keiju reste-t-il dans cette ombre ? On ne le sait pas, ou pas encore pour le moment en tout cas. Mais cela donne au royaume nomade un mode de vie très particulier. Les contacts avec le monde extérieur sont limités à quelques interactions avec les dirigeants politiques et aux échanges nécessaires, des vivres contre de la haloite (un matériau précieux) que seul le royaume de Keiju peut préparer. C'est un endroit paisible, dont la protection repose plus sur la réputation de ses puissants hakukai que sur l'entraînement de ses gardes.

Les tranches de vie assez calmes nous permettent de planter le décor en découvrant en douceur la vie à bord de la cité mobile. On n'aura que de rares aperçus du reste du monde, par contre la situation géopolitique globale est brossée à grands traits, pour nous permettre de comprendre les tenants et aboutissants. Pour Keiju, la paix qui régnait depuis longtemps est sur le point de prendre fin ! Et en effet, le récit est régulièrement entrecoupé de scènes d'action qui bouleversent le quotidien des protagonistes.

Si le récit met en avant Aushi, le visiteur étranger, il se concentre également sur la famille royale : le roi Guan Hohgo, qui veut le meilleur pour son peuple mais semble mal préparé aux événements à venir, sans parler du fait que son autorité ne semble pas très bien assise ; son épouse la douce et fidèle Dawa ; et la petite soeur de celle-ci, Kamalu, un garçon manqué enthousiaste et attachant. J'avoue que tous ces personnages, à la fois curieux, aimables, sympathiques, bref très humains, m'ont beaucoup plu et j'adore les suivre dans cette aventure.

Si le scénario tient la route, il est également porté par des dessins magnifiques. Les détails de la cité, les costumes et autres sont finement détaillés, c'est superbe. Les scènes en extérieur, dans l'ombre de l'anneau, réussisent à rendre l'obscurité ambiante sans être trop sombres, et sont ainsi parfaitement compréhensibles. En vrac, j'aime bien la tenue exotique et les tatouages de la belle Dawa, les armures ploymorphes qui se rétractent pour tenir dans une simple bille, le fond noir des pages quand le récit tourne autour de l'assassin... Seul bémol, beaucoup de personnages masculins se ressemblent trop, ce qui peut engendrer quelques confusions.

Ce premier tome est aussi joli qu'intriguant car de nombreuses questions restent en suspens. Cela donne très envie d'en découvrir davantage après cette mise en bouche !