Les Chroniques de l'Imaginaire

L'empire d'or (Daevabad - 3) - Chakraborty, S.A.

La conquête de Daevabad par les troupes de Manizheh a réussi. La cité légendaire est tombée, le tyran Ghassan al Qahtani est mort, une guérisseuse Nahid règne désormais.

Mais rien ne s'est passé comme prévu. Les massacres ont été atroces, les morts se comptent par milliers. Nahri, horrifiée par les agissements de sa mère, a fui avec le prince Alizayd, qui porte désormais le sceau de Souleymane. La magie des djinns a disparu, les laissant désemparés. Les différentes tribus djinns de Daevabad refusent de se soumettre à la conquérante et se terrent dans leurs quartiers respectifs, et même les Daevas qu'elle est venue libérer ont peur d'elle. La cité dépérit. 

Obsédée par sa vengeance et sa soif de pouvoir, encouragée par les cruels efrits, Manizheh s'enfonce dans une spirale de violence, persuadée d'agir au final pour le bien de son peuple. Ses décisions impitoyables n'ont rien à envier à celles de son défunt époux. Même Darayavahoush, son bras armé, son fidèle Afshin, est effaré. Il était déjà ébranlé par l'empoisonnement à grande échelle des Geziris et pour avoir dû affronter Nahri - dont il est amoureux - pendant l'attaque ; désormais, sa loyauté à sa Banu Nahida vacille, leur relation devenant de plus en plus tendue.

Sans trop savoir comment, Nahri et Ali se sont retrouvés à l'autre bout du monde, au Caire. Loin de Daevabad, de Manizheh, des djinns et leurs conflits incesssants. Ce pourrait être l'occasion d'un nouveau départ, une nouvelle vie ordinaire et heureuse qui ferait table rase de leur passé. Mais que deviendraient alors l'émir Muntadhir, sa soeur Zaynab et les milliers de gens qu'ils ont laissés derrière eux en quittant Daevabad ? Les deux exilés se sentent responsables et sont prêts à mourir pour essayer de ramener la paix entre les djinns.

L'empire d'or offre un magnifique final à la trilogie Daevabad. Toutes les pièces sont désormais en place pour permettre à l'action d'aller à toute vitesse. Les rebondissements s'enchaînent inexorablement, que ce soit la montée en puissance des horreurs perpétrées à Daevabad ou les péripéties qui émaillent la quête de Nahri et Ali, amenés à faire de nouvelles rencontres pour certaines fort perturbantes. Chaque protagoniste prend sur soi, s'interroge sur son identité et ses motivations, fait des choix courageux qui bâtiront un avenir qu'ils espèrent moins sombre. Pour chacun, les épreuves seront nombreuses et ils n'en sortiront pas indemnes.

Le point d'orgue de toute cette agitation est évidemment la bataille finale épique qui va secouer Daevabad. Cette partie-là ne fait cependant que quatre-vingt pages, à la fois intenses et riches en bouleversements : moi qui n'aime pas les longs affrontements monotones ne m'y suis pas ennuyée du tout. J'ai également beaucoup apprécié la partie suivante, où l'autrice prend le temps de développer l'après. Non, l'histoire ne s'arrête pas avec la fin des combats sur le champ de bataille, et il est fort plaisant de voir l'apaisement progressif, le retour à un quotidien plus serein, tous les personnages qui vont de l'avant malgré les fêlures de leur âme.

Hum... A propos de longueur, il me faut cependant mentionner un point technique qui m'a gênée durant ma lecture. L'ouvrage fait plus de huit cent pages, soit. Dans un effort pour rendre le livre plus dense et donc moins épais, l'éditeur a utilisé des marges minimalistes (jusque-là tout va bien) mais également une police particulièrement petite, et j'ai souvent eu les yeux qui se troublaient lors de ma lecture. Heureusement que celle-ci était prenante, sinon je n'en serais probablement pas venue à bout tant cela me fatiguait la vue. Dommage.

La trilogie de Daevabad est terminée avec ce troisième tome. Pour ceux qui voudraient cependant retrouver l'univers créé par S.A. Chakraborty, l'autrice propose un recueil d'histoires courtes racontées du point de vue de personnages qui ne sont pas forcément ceux qui étaient mis en avant dans la trilogie, ce qui permet d'avoir un regard différent sur certains événements. On y trouve également des scènes supprimées qui prennent place avant, pendant et après les événements déjà connus du lecteur. Le fleuve d'argent est disponible en français depuis l'été dernier aux éditions De Saxus.