Après le sublime roman Le ghetto intérieur consacré à son grand-père Vicente, qui avait dû fuir l'Europe en raison de sa judéité, Santiago H. Amigorena poursuit l'histoire de sa famille exilée en Amérique du Sud. D'abord installés en Argentine, l'instabilité politique a poussé les parents de Santiago à traverser l'embouchure qui sépare Buenos Aires de Montevideo, en Uruguay. Il s'agit là du premier exil vécu par l'auteur lui-même.
Il raconte alors son enfance dans cette jolie maison qui donnait sur deux rues en même temps, avec un tout petit jardin dans lequel trônait un magnifique gomero, sur les branches duquel Santiago aimait se percher et rêvasser, écrire ses premiers poèmes. Il raconte les copains, l'école où il a appris à écrire. L'apprentissage de l'écriture est ce qui l'a le plus marqué. Santiago a compris très tôt que les mots allaient avoir une grande importance dans sa vie et son talent était déjà précieux, comme en témoignent de nombreux poèmes glissés dans ce roman, qu'il avait écrits enfant.
Comme pour la plupart des enfants, il reçoit le contexte politique anxiogène de façon assourdie, sans véritablement se rendre compte que la menace de devoir de nouveau partir est là. L'atmosphère dans la population en Uruguay est évoquée en filigrane, sans insistance. Ce qui prime, ce sont les souvenirs innocents de l'enfance et de ses premières découvertes.
Si seulement le roman n'était que cela, une succession de souvenirs nous faisant vivre une enfance en Uruguay dans les années soixante... Malheureusement, Santiago H. Amigorena offre toute une série de digressions (dont il est conscient !) avec une ribambelle de considérations philosophiques, de pensées sur l'écriture, de réflexions diverses qui ne semblent pas avoir pour but de partager des idées avec le lecteur mais de les déverser pour son plaisir personnel, histoire d'étaler sa culture. Le pire étant que souvent il s'adresse au lecteur avec condescendance et mésestime une littérature populaire qui, elle au moins, a le mérite d'exister pour faire plaisir au lecteur et pas pour se regarder le nombril, contrairement à l'impression qui est donnée avec ce roman fouillis et pédant.
Une grosse déception pour ce récit qui aurait pu être passionnant.