Les Chroniques de l'Imaginaire

Black sunday - Harris, Thomas

Le Moyen-Orient n'est plus chauffé à blanc. Il est en fusion. Israël a récupéré ses morts après l'attentat contre le village olympique de Munich et la réaction du jeune état juif est sans pitié, sans pardon.

Si la ferveur vengeresse d'Israël va jusqu'à frapper les terroristes de Septembre noir dans leurs planques hors des frontières, c'est grâce au soutien des pays occidentaux. Un Occident démocratique, où les gouvernements sont amenés au pouvoir par le vote du peuple et démis par ce même peuple. Septembre noir le sait et va appuyer sur ce levier.

Une population qui craint pour sa vie au quotidien parce que ses dirigeants supportent Israël, un pays bien loin de chez elle, lâchera son gouvernement et les nouveaux élus se tiendront bien à l'écart de cette zone chaude du monde. Israël pourra alors être anéanti par les forces combinées de ses voisins-ennemis arabes et la Terre sainte redeviendra palestinienne.

Après les JO, Septembre noir vise une autre cible sportive d'envergure. Pour mettre à terre le plus grand soutien d'Israël, quoi de mieux qu'un massacre lors du plus grand événement sportif américain ? Le groupe terroriste veut réduire en cendre, sang et larmes le Tulane Stadium, là où va se jouer le prochain Superbowl à guichets fermés.

Thomas Harris est devenu célèbre avec Dragon rouge, Le silence des agneaux puis Hannibal. Black sunday est son premier roman, un thriller écrit en 1975 qui mêle enquête, espionnage, action et (un peu de) géopolitique. C'était un fort bon début de carrière.

Le roman est court, se lit vite, va droit au fait mais sans se précipiter. Sur un peu plus de trois cents pages, on suit, d'un côté, les terroristes qui construisent leur bombe et planifient leur action (c'est bien plus simple que La somme de toutes les peurs de Clancy), de l'autre, il y a deux agents du Mossad qui essayent de remonter la piste de la tête pensante de Septembre noir après l'avoir manqué lors d'un raid sur Beyrouth. Harris met en scène ce mortel jeu de poursuite avec efficacité. On ne s'y ennuie pas, on se laisse agréablement prendre par la tension qui se développe au fur et à mesure que la date de la finale du championnat de football approche.

Attention, toutefois, nous restons devant un livre court et surtout orienté récréatif, ne vous attendez pas à une explication historico-politique du conflit israélo-palestinien ni à entrer dans la psychologie de la diplomatie entre les USA et les nations arabes - ce n'est pas le bouquin pour. Le livre a été écrit par un auteur américain quelques années après l'attentat de Munich et une série d'autres attentats anti-israéliens / anti-occidentaux. Les gentils sont clairement définis et les méchants ne sont, heureusement, pas présentés de manière caricaturale. Ils ont plus de finesse que l'annonce de la quatrième de couverture.

Somme toute, Black sunday est un bon divertissement, qui se replace bien dans une actualité redevenue brûlante ces derniers jours. Enfin, pour les connaisseurs, Harris a prédit avec quarante-quatre ans d'avance que Lamar Jackson allait être MVP !