Emilie, dix-neuf ans, vit selon une routine bien réglée : lever tôt pour être la première à arriver au bureau et croiser un minimum de gens, faire son boulot efficacement dans son coin puis rentrer dans la maison où elle vit avec sa grand-mère et sa chatte Lady. Si Emilie n'aime pas les interactions sociales, c'est parce qu'elle est autiste de type Asperger. Elle aime le calme et la tranquillité, n'a pas d'ami, ne comprend pas toujours les gens à qui elle parle pour peu que leur langage verbal soit en désaccord avec leur comportement non verbal, bref elle n'est pas dans le moule "standard" de la société. Pourtant, sa vie lui convient comme elle est.
Un soir, la grand-mère d'Emilie est hospitalisée. Il lui reste peu de temps à vivre. Elle explique à sa petite fille qu'elle se sentirait plus rassurée sur son avenir si elle trouvait un amoureux, pour ne pas rester seule. Emilie est toute disposée à faire plaisir à sa grand-mère, mais comment faire pour trouver quelqu'un ?
L'amour en équation aborde avec délicatesse un sujet peu commun en littérature, puisque la BD s'intéresse à une jeune femme atteinte d'un Trouble du Spectre Autistique. En la suivant au quotidien, on peut découvrir comment s'expriment ses symptômes : désir d'éviter de parler avec des gens, emploi du temps régulier méticuleusement suivi, attachement pour les choses claires et ordonnées, hypersensiblité au bruit ou encore intérêt fervent pour les créatures des abysses, un sujet qui la passionne. Ces caractéristiques lui rendent difficile de s'adapter à la société, mais c'est son lot quotidien.
Nous faisons la connaissance d'Emilie au moment où elle s'interroge bien malgré elle sur un nouveau sujet : la vie en couple. Elle découvre à ses dépens qu'il ne suffit pas d'aborder frontalement le premier individu rencontré pour lui demander de sortir avec elle ! Il lui faut de l'aide, mais à qui s'adresser ? Emilie se pose de nombreuses questions, et chacune en entraîne une autre... Il faut dire que pour son regard naïf, il est bien difficile de comprendre la distinction entre amour et amitié, relation durable et coup d'un soir, etc. Elle va ainsi subir quelques déboires au long de ses pérégrinations qui s'avèrent le plus souvent décevantes pour elle.
Si la quête n'aboutit pas avec ce premier tome de la série, elle est cependant l'occasion pour la jeune autiste de rencontrer de nouvelles personnes, et notamment deux cousins très sympathiques qui, s'ils sont parfois troublés par les comportements inhabituels d'Emilie, vont cependant la soutenir au maximum.
Les dessins sont modernes, avec des traits simples et de grands aplats de couleur unie. Les décors sont souvent absents, mais cependant utilisés à bon escient pour compléter une mise en page variée et proposer ainsi une BD très vivante. Les couleurs sont très douces et agréables. Je trouve les yeux des personnages souvent un peu trop gros, d'autant qu'ils n'ont pas de pupille ce qui est assez troublant, mais sinon j'aime bien le style graphique.
L'album se termine par un mini dossier pédagogique de quelques pages pour en apprendre davantage sur l'autisme, plutôt intéressant même si cela reste un peu trop superficiel à mon goût.
Un premier tome sympathique, qui m'a laissée avec une forte envie de découvrir la suite.