Fin du XIIe siècle, dans le Morvan. Au château de Linnières, le vieux baron décide de marier son fils aîné, Ansiau, qui héritera du titre de baron à sa mort. Ansiau épouse la jeune et jolie Aalais. Tous deux sont très jeunes, elle a quatorze ans, lui à peine dix-sept ans. La jeune fille apprend vite à aimer ce bel homme grand, mince, fougueux qui est très amoureux de sa jeune femme.
Le quotidien s'installe pour le jeune couple. Il faut entretenir le château, diriger les gens, assurer le vivre et le couvert de tous, trouver sans cesse de l'argent. Ansiau adore partir à la chasse avec ses gens, ses amis, et tous les hommes de sa grande famille. Et ce qu'il aime plus que tout, ce sont les tournois. Régulièrement la troupe part plusieurs semaines à Troyes, la ville ducale, pour participer aux tournois et remporter une chance de gagner beaucoup d'écus en gagnant des combats.
Puis, il y a aussi les croisades. Lorsque le Roi décide de partir en Terre Sainte pour combattre contre Saladin, il demande à tous ses vassaux de se mobiliser. Ansiau, devenu baron suite au décès de son père, part avec un petit groupe d'hommes de Linnières. Son absence durera plusieurs années pendant lesquelles Aalais se languira de son cher époux, tout en s'occupant d'une main de fer du château décrépit et de ses enfants qu'elle a nombreux. Mais elle devra également lutter contre l'amour pour un autre homme. Comment savoir si son mari est mort ou s'il reviendra un jour de Terre Sainte ?
Au fil des pages de ce très gros roman, ce sont des batailles intra-familiales, des combats, des vengeances, des tortures, mais aussi de l'amour, des sentiments cachés ou exprimés, des adultères, des naissances, des morts, le quotidien rude et riche de ces temps emplis de violence mais aussi de sensualité.
Au départ, j'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman. Il y a beaucoup de personnages et ce n'est pas toujours évident de comprendre les liens qu'ils ont entre eux (il manque un arbre généalogique). Mais petit à petit, la magie de l'écriture un peu rude de l'autrice (ce roman a été écrit en 1944, on sent un style un peu daté), et au bout d'environ deux cents pages (oui, il faut persévérer !) je suis vraiment entrée dans l'histoire de cette époque un peu trouble et j'ai au final adoré ce roman si riche et vraiment passionnant et qui mérite vraiment qu'on le lise, pour sa valeur littéraire, mais aussi historique. L'autrice est également historienne et cela se ressent dans ce roman qui est remarquablement documenté.