L'Américain Théodore Sullivan et le Canadien Henry Sakaguchi sont les deux meilleurs patineurs artistiques mondiaux. Dans quelques mois, ils seront tous deux en lice pour les prochains Jeux Olympiques, mais seul l'un d'eux pourra repartir avec la médaille d'or. Le premier est le chouchou du public qui apprécie son talent naturel pour les quadruples sauts et son charme décontracté. Le deuxième parait froid, il est perfectionniste à l'extrême, il travaille sa technique encore et encore, mais rien à faire : voilà deux saisons que son rival le surpasse à chaque compétition, ses sauts impressionnant prévalant sur sa technique parfois approximative.
Henry a beau essayer de se raisonner, l'antipathie qu'il éprouve envers Théo va bien plus loin qu'une simple jalousie professionnelle. C'est bien simple, il déteste viscéralement ce frimeur à qui tout réussit sans effort, sexy et populaire. Depuis des années, il n'a pas échangé plus de quelques mots avec son adversaire alors qu'ils sont amenés à se croiser régulièrement et que celui-ci se montre toujours poli et gentil.
Pour respecter les désirs de son vieil entraineur, tombé gravement malade, Théo quitte Los Angeles pour Toronto, où il va s'entraîner dans le même centre que Henry. Une saine émulation entre les deux les poussera à donner le maximum pour leur sport, n'est-ce-pas ?
Henry enrage, mais comment refuser ? Les deux jeunes hommes vont passer beaucoup de temps ensemble au quotidien. Henry a beau battre froid à Théo et essayer de le garder à distance, celui-ci est bien décidé à briser sa façade impénétrable et lui arracher un vrai sourire, pour se distraire et chasser la pression. Et tandis que l'un se reproche de fantasmer sur un torse trop sexy, l'autre bave sur un fessier parfait...
Pas de grosse surprise dans l'intrigue de Rivalité sur glace, une homo-romance dans le monde du patinage. Les contraires s'attirent : l'un n'est pas très sérieux dans ses entraînements tandis que l'autre est un bosseur forcené ; l'un aime plaisanter et s'amuser tandis que l'autre est discret et reste toujours dans le contrôle ; l'un aime faire vibrer le public, au diable la technique, tandis que l'autre préfère s'enfermer dans une bulle pour répéter inlassablement ses mouvements jusqu'à la perfection, loin des yeux des spectateurs. A force d'interactions inévitables, tous deux vont apprendre à se connaître mieux, à s'apprécier. Car malgré les différences, tous deux partagent une même qualité : ils sont profondément gentils.
Comme les deux patineurs sont ouvertement gays et qu'ils flashent l'un sur l'autre dès les premières pages, leur relation devient inévitablement plus intime au fil des jours. Les scènes de sexe ne sont pas très longues, mais nombreuses, avis à ceux que cela dérange. Je fais partie de ceux pour qui point trop n'en faut, mais je n'ai pas boudé mon plaisir pour autant car l'autrice a également bien développé son décor. Théo est affligé d'une mère trop intrusive, Henry bataille avec de mauvais souvenirs, et on plonge avec plaisir dans l'envers du décor du monde du patinage artistique. Moi qui n'aime habituellement pas les titres d'ouvrages conservés en anglais, j'avoue que j'aurais fait une exception pour celui-ci tant je le juge bien trouvé : Kiss and Cry, le nom donné à l'endroit où les patineurs attendent leurs notes après leur prestation sur la glace.
J'ai passé un excellent moment avec cette romance contemporaine très réussie, que j'ai dévorée en quelques heures !