Oiwa, attristée par le meurtre de son père, enjoint son nouvel amant Iémon de retrouver les criminels. Elle ignore que c'est le guerrier lui-même qui a involontairement commis le crime. Sa culpabilité pousse Iémon dans le bras de la fille du voisin. Empoisonnée, Oiwa refuse de traverser seule la rivière des enfers...
Treize nuits de vengeance nous propose une version revisitée par Kazuo Kamimura de légendes japonaises datant de l'époque Edo où des femmes bafouées se retournent contre les hommes qui les ont trahies. Dans ce premier tome assez imposant de près de cinq-cents pages (un deuxième est à suivre), on découvre donc les trois premiers récits : Oiwa de l'année du rat, Les seins d'Okise et Un chant pathétique du Tsugaru. Les trois ont de nombreux points communs : ils mettent en scène des femmes magnifiques, folles de désir (réciproque) pour des hommes qui ne sont pas ceux qu'il leur faudrait ; des meurtres, de la violence, du sang ; du fantastique, toujours horrifique ; et des animaux dont l'intervention fait froid dans le dos (respectivement pour les trois histoires : des rats, des oiseaux et des poissons). L'aspect fantastique fait que l'on ne comprend pas toujours tous les détails du récit, mais l'atmosphère sombre et troublante ne peut être niée.
Les dessins sont crus, à l'image du récit. Ils mettent plutôt l'accent sur les personnages, avec des femmes superbes au visage transpirant d'émotion, mais les oiseaux que l'on découvre dans la deuxième histoire par exemple sont également très bien rendus.
L'ouvrage se termine par deux textes éclairant le recueil, tous deux illustrés : Maria Teresa Orsi parle des esprits vengeurs, très courants dans le folklore japonais, et reprend notamment les récits les plus célèbres dont s'est inspiré Kazuo Kamimura pour ses "nuits". Paolo La Marca pour sa part retrace une histoire éditoriale de l'oeuvre que l'on découvre ici. Cela pourra permettre aux curieux d'aller plus loin. Il est toutefois surprenant que les pages y soient ordonnées de gauche à droite (sens européen), alors que le reste du manga est à lire en sens japonais.
L'omniprésence des scenes de sexe et de violence implique de réserver ce manga à un public averti. Les adultes amateurs de fantastique horrifique seront bien servis.