L'historienne Marie-Jo Bonnet a fait un travail admirable pour présenter au public cet ouvrage qui répond à plusieurs objectifs. Il s'agit de rappeler la vie et l'oeuvre de Jean Desbordes, écrivain malheureusement mort trop tôt, mais qui laisse derrière lui une oeuvre remarquable par son originalité et sa diversité. Par ailleurs, sa mort prématurée a été héroïque, puisqu'il a été battu et torturé à mort par la Gestapo en 1944, sous son pseudonyme de Duroc, chef d'un réseau de résistants dont il n'a pas donné les noms. Enfin, sa relation avec Jean Cocteau a indubitablement aidé ce dernier à sortir du désespoir où il s'était enfermé après la mort de Raymond Radiguet en 1923. Ces lettres, écrites entre 1925 et 1938, racontent l'histoire de la relation entre les deux écrivains.
La première partie expose l'histoire de la découverte des lettres, et, brièvement, la biographie des deux hommes jusqu'au moment de leur rencontre. Après les lettres, c'est l'histoire de Jean Desbordes après sa séparation d'avec Cocteau qui est racontée, en insistant sur son engagement patriotique, au sein du réseau franco-polonais F2, sa mort et le long combat de sa soeur Eliette pour voir sa mémoire honorée par la France, qui n'a toujours pas reconnu son sacrifice en lui accordant la Légion d'Honneur. Une bibliographie et un index clôturent l'ouvrage.
Quelque intéressantes qu'elles soient, ces lettres m'ont laissée quelque peu sur ma faim, en ce que j'ai eu l'impression de lire une histoire en pointillés. En effet, les lettres de Cocteau sont très peu nombreuses, et on ne sait pas exactement à quoi Desbordes répond ou réagit. Par ailleurs, le petit nombre des lettres en général, si l'on considère la longue période sur laquelle s'étend cette correspondance, renforce cette impression.
Il n'empêche que cette publication, si frustrante qu'elle soit par moment, comble un vide qui existait jusqu'à présent dans l'histoire littéraire, et il faut remercier l'historienne, les différents intervenants, et l'éditeur qui l'ont rendu possible.
