1287 années après son départ de la Terre, le vaisseau spatial Prométhée (désormais Promété) continue son interminable voyage en direction de la planète pomise. Le clivage entre l'équipage de l'entre-deux - les Technos - et les passagers de l'en-dedans a encore pris de l'ampleur, et le pouvoir a basculé aux mains des Technos qui n'hésitent pas à arrêter le soleil chaque fois qu'ils veulent faire céder l'en-dedans. Quand le soleil est éteint, le froid règne et les récoltes sont perdues, aussi le peuple du dedans vit-il dans une famine qui dure depuis trop longtemps. Les nobles se réservent la majorité des ressources restant après que les Technos aient prélevé leur dû.
La colère gronde. Le peuple n'en peut plus des exigences toujours aussi fortes des Technos malgré la situation difficile, et des nobles improductifs qui passent leur temps à guerroyer entre eux. Il n'y a plus un seul Roi mais trois qui se disputent l'héritage des Rone, sans compter l'Eglise qui profite de l'obscurantisme de cette société régressive pour assoir son influence sur le peuple. Seuls les Technos ont gardé la mémoire de leurs origines et de leur histoire, et croient encore en l'existence de planètes. Même des personnes cultivées doutent parfois de la véracité des vieilles vidéos de la Terre !
Depuis le début de cette saga du Sommeil des Dieux, on voit s'effondrer peu à peu la société qui vit en vase clos à l'intérieur du Prométhée. Des nobles ambitieux qui veulent toujours plus de pouvoir, des misérables en grand nombre qui crèvent de faim et rêvent de révolution, des Technos indifférents qui ne s'intéressent qu'à leur propre nombril et empirent la situation sans état d'âme... Le cocktail est explosif, et la société du Promété va évidemment exploser. Car malgré la bonne volonté de certains, malgré les lueurs d'espoir et ceux qui jettent toutes leurs forces pour le bien commun, la nature humaine reste ce qu'elle est. C'est donc une période très sombre que traverse ici le Promété.
Ce qui me chagrine un peu, c'est que je n'ai pas vraiment l'impression que les siècles passent. L'équipement est vieillissant mais fonctionne toujours plus ou moins : pour un vaisseau construit grosso modo à notre époque, je trouve ça épatant. Quelques noms propres ont été simplifiés, mais globalement le langage ne semble pas avoir évolué puisque des livres originaires de la Terre sont lus sans sourciller (des livres de non-fiction documentaires, ha ha, un joli clin d'oeil au passage). Chez les Technos, le niveau d'éducation a moins baissé que dans l'en-dedans, mais zéro progrès, zéro innovation depuis le départ. Globalement, cela donne l'impression que seulement un siècle ou deux sont passés, plutôt qu'une bonne douzaine.
Cela étant, il est toujours agréable de découvrir cette saga qui nous montre du doigt le déclin d'une civilisation, avec notamment la montée de la violence. C'est plaisant à lire et met en oeuvre des personnages intéressants, même si pour le coup dans cet opus je garderai un souvenir puissant de l'Impératrice mais probablement pas grand chose du fameux Cartographe du titre.