Camille vit à Mont-Evor, un petit royaume européen discret et prospère, mais elle n'y est pas heureuse. Elle a passé son enfance à être ballottée entre différents foyers d'accueil. Mais surtout, depuis que sa sœur Jeannette a provoqué un incendie meurtrier au palais royal six ans plus tôt, la "sorcière de la caravane" est méprisée de tous et peine à joindre les deux bouts. Personne ne l'approche, personne ne lui parle à moins d'y être forcé, sauf pour l'insulter. Alors, quand le marquis Louis-Philibert de Valois, qu'elle ne connait que de réputation, se présente dans son logement miteux pour lui proposer de l'épouser, elle lui rit au nez.
Louis n'est pas là de sa propre volonté : son mariage avec Camille, pendant au moins une année, est la condition sine qua non posée par son grand-père pour hériter de son titre de duc et de ses richesses. Camille hallucine devant cette offre extravagante, mais ne peut se permettre de faire la difficile vu sa situation un peu désespérée. Et puis, elle compte profiter de l'aide de Louis pour tenter d'innocenter sa sœur, dont elle est convaincue qu'elle a été accusée à tort. Bon gré mal gré, les deux jeunes mariés mal assortis commencent à jouer la comédie pour leur entourage...
Les romances feel good de Noël mettant en scène des têtes couronnées de petits pays européens imaginaires sont très à la mode en ce moment, dirait-on. Ici, il ne s'agit pas réellement d'une romance "royale" malgré le titre, puisque Louis est duc et non prince. On est pourtant plongés dans un monde de châteaux, de luxe, de prédicats honorifiques employés à tout-va (Louis étant appelé Sa Grâce avant même son accession au titre de duc), d'employés qui prennent en charge la moindre menue tache. Sans compter évidemment les beaux gosses sexy et les filles craquantes, et les tendres sentiments liant peu à peu tout ce beau monde.
Les deux personnages sont gentils, mais à mon goût il manque un peu de piment dans leurs interactions. Les seules difficultés relationnelles rencontrées par le couple concernent les complexes physiques de Camille liés à de mauvais expériences précédentes, mais comme il se doit dans ce genre de récit son partenaire va transformer le vilain petit canard en cygne, et ce sans grande difficulté. L'enquête et les rebondissements dangereux qui lui sont associés sont également plutôt survolés, tout va vite, très vite.
La profusion de personnages secondaires liés à la famille royale qui apparaissent mais ne jouent qu'un rôle insignifiant dans l'histoire fait immédiatement comprendre que ce roman, bien qu'autonome, se déroule dans un univers déjà utilisé par l'autrice. Et effectivement, on découvre facilement que la saga des Royaux de Mont-Evor comprend plusieurs tomes et même plusieurs séries, avec d'autres tomes d'ores et déjà prévus. En soi, ces personnages un poil trop nombreux pour qu'on les distingue les uns des autres ne sont pas vraiment dérangeants pour la lecture, car ils disparaissent aussi vite qu'arrivés, ou presque.
Ce qui est plus décevant, c'est que la toile de fond de l'intrigue implique un gros méchant œuvrant à détruire le royaume, et que les informations trop parcimonieuses sur ses manigances nous laissent vraiment sur notre faim, avec pas mal de questions sans réponse. D'autres sujets titillent la curiosité sans l'assouvir, comme la raison des agissements du vieux duc par exemple. Un roman qui peut se lire seul donc, mais qui pourra laisser un arrière-goût de frustration assez net si on ne prévoit pas de lire les autres livres de la saga.
C'est une romance de Noël sympa et avec laquelle j'ai passé un bon moment, mais qui aurait mérité d'être un peu plus développée je pense.