Après avoir chassé les rats pendant des millénaires, les hommes ont enfin compris que les rats étaient les être élus et qu'il fallait les vénérer en leur proposant des offrandes à foison. Et pour se faire pardonner leurs errances passées, ils ont érigé des montagnes de poubelles dans lesquelles les rats peuvent plonger à loisir. Un vrai paradis à rats ! Les deux peuples vont désormais pouvoir vire ensemble dans la paix et l'abondance.
C'est du moins ce que pense le rat qui nous narre ce récit. Il se voit déjà roi des rats, maître du monde. Il déchante vite quand il voit les hommes finalement revenir nettoyer la rue et chasser la vermine...
C'est très intéressant de voir le monde à la façon d'un rat. Une grève des éboueurs, c'est un festin mis à disposition ; une foule en colère, un cataclysme impressionnant. Notre rat est autocentré, persuadé que les actes des hommes tournent autour de son espèce, et il leur attribue des intentions bien différentes de celles qui les animent en réalité.
L'auteur s'amuse à présenter le texte sous une forme très biblique, avec des titres de chapitre et des citations faisant référence à la Bible. Les propos du rat sonnent comme la parole des apôtres, l'animal est habité par un feu divin. C'est très plaisant, d'autant que la plume est très poétique.
Finalement, le seul problème de ce texte, c'est surtout qu'il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent dedans. Les chapitres sont très courts et séparés par de nombreuses pages blanches, aussi la quantité de texte réel est-elle assez limitée : en un quart d'heure, la lecture est bouclée. Si je ne l'avais pas reçu en Service Presse mais acheté de mes deniers, j'aurais probablement estimé que c'était un peu cher pour ce que c'est.