Une jeune femme revient à elle dans une prairie paisible. Elle se rend rapidement compte de sa totale amnésie ; même son nom lui échappe. Au fil du temps, les souvenirs refont surface : elle s'appelle Cora et elle faisait partie d'une équipe de recherche envoyée sur Kerana, un monde susceptible d'être colonisé par l'humanité. Mais alors, que fait-elle ici, dans un environnement apparemment naturel mais hermétiquement fermé par quatre parois de verre indestructibles ? S'agirait-il d'une sorte de terrarium dans lequel elle et les autres colons auraient été déposés ? Mais par qui, et pourquoi ? Ces questions en amèneront bien d'autres, et au-delà du sort de Cora et des colons, c'est celui de l'humanité toute entière qui sera en jeu.
Difficile de résumer Terrariums sans trop en dire ! Ce roman est construit sur un ensemble d'énigmes imbriquées les unes dans les autres : il suffit qu'une soit élucidée pour que deux autres fassent leur apparition. C'est un moyen efficace de donner envie de tourner la page, encore et encore, d'autant que la variété des enjeux concernés, du personnel à l'intersidéral, ajoute une dose bienvenue de variété. Pour contribuer au suspense, les chapitres alternent entre deux périodes de la vie de Cora : son présent, à partir du moment de son réveil, et son passé, à partir de son arrivée sur Kerana. Des petits symboles dans le titre des chapitres permettent de savoir en un clin d’œil où l'on se trouve, petite attention bien sympathique.
Les personnages sont bien campés et attachants, même si leur comportement répétitif est parfois un brin agaçant (mais justifié par l'intrigue). On suit principalement des femmes, ce qui est toujours bienvenu en science-fiction. Néanmoins, c'est surtout dans la construction de l'univers que l'imagination de Romain Benassaya brille de mille feux. Objets mystérieux, structures cyclopéennes, races extra-terrestres aux motivations incompréhensibles, ou au contraire bien trop compréhensibles, c'est un vrai festival d'idées mémorables et fascinantes.
S'il fallait faire un reproche au roman, c'est peut-être sa longueur. L'élucidation des différents mystères prend parfois un peu trop de pages, les personnages sont parfois un peu trop passifs, certains chapitres (notamment ceux où l'on suit Derek et Keyah) ne contribuent pas énormément à l'intrigue générale. Mais cela n'enlève en rien à Terrariums ses nombreuses qualités et sa lecture vous ravira si vous adorez les énigmes à l'échelle cosmique.