Les Chroniques de l'Imaginaire

Le pilleur de cimetières - Cabot, Sebastia

Edimbourg en 1825, Fettes assiste au cours d'anatomie du Docteur Knox. À ses côtés, Jane, dont il est secrètement amoureux. Jane n'est pas une étudiante, elle est là en tant qu'auditrice libre car les femmes n'ont pas le droit d'espérer devenir docteur. Le docteur Knox ne la tolérant que parce que son père est un généreux donateur. Alors, lorsque le docteur McFarlane, premier assistant de Knox, propose à Fettes le poste de second assistant, cela la révolte d'autant plus qu'il tourne de l’œil à chaque fois qu'on ouvre un corps et qu'il poursuit des études de médecine juste parce que son père le souhaite. Elle, la passionnée, ça la met en colère qu'on ne tienne pas compte de ses qualités, de sa farouche détermination et que l'on donne ce poste à quelqu'un qui n'est pas motivé juste parce que c'est un homme.

Fettes, vexé par Jane, accepte le poste. Mais il aurait dû bien écouter McFarlane parler de lui en vantant sa discrétion car tout se corse lorsqu'il rencontrera Gray, le fournisseur de corps du docteur Knox.

Cette bande dessinée est une adaptation d'une nouvelle de Robert Louis Stevenson qui se base sur une histoire vraie de personnes tuant ou volant des cadavres pour les revendre au docteur Knox, célèbre anatomiste écossais. Sebastia Cabot nous narre la lente descente en enfer de Fettes lorsqu'il découvre l'origine des corps et quand il comprend qu'il ne peut rien dire puisque complice de ces crimes. Il passera d'une naïveté excessive au désespoir, puis à la résignation et enfin à la colère et une part de folie.

Cette histoire peut paraître choquante mais il ne faut pas se voiler la face, à l'époque la médecine ne pouvait pas se procurer des corps facilement pour en comprendre le fonctionnement. Alors les médecins devaient parfois passer par des chemins détournés et peu glorieux pour disséquer des cadavres relativement frais. À ce propos, je vous invite à découvrir comment Ambroise Paré a tenté de sauver le roi Henri II après qu'il avait reçu un éclat de lance dans l’œil.

L'atmosphère est sombre, bien rendue dans les dessins, les couleurs des planches et les visages de certains personnages. Ce côté sinistre est contrebalancé par les couleurs plutôt lumineuses des vêtements. Les traits des personnages sont caricaturaux et reflètent bien leur état d'esprit. L'histoire est intéressante, et le basculement de Fettes vers la folie est particulièrement bien décrit. Par contre, le dessin du visage des personnages m'a moins convaincu car trop caricaturaux pour moi, surtout celui de Gray.

La légèreté du ton permet d'aborder un sujet plutôt glauque et de sortir de cette lecture sans être particulièrement mal à l'aise face à cette histoire plutôt terrible et horrifiante.